8 ans se sont écoulés depuis la remise du Grand Prix du Jury Cannois à ce film, et quelque part, je lui en avais voulu d'avoir volé la vedette au formidable No country for old men, également en compétition à ce moment-là et qui lui n'avait rien eu.
Sauf que Netflix m'a indiqué ce film japonais en me disant que si si, ça va te plaire, j'ai décidé de faire la paix avec Naomi Kawase (qui n'y est pour rien en fin de compte) avec, je le dis haut et fort, une histoire très touchante sur le deuil et l'acceptation.
Marqué par le minimalisme du projet, on suit une aide-soignante qui doit s'occuper d'un étrange retraité dans une maison de repos située près d'une forêt. Ce vieil homme semble égaré, dans son propre monde, et, à la suite d'une ballade, il va prendre la poudre d'escampette et fuir dans la forêt, suivi par son aide-soignante, nommée Machiko. On va découvrir assez rapidement que les deux êtres sont frappés par le deuil, l'un de sa femme disparue trente-trois ans plus tôt et l'autre de son fils. Cette disparition dans la forêt va les rapprocher dans leur douleur.
Autant prévenir ; La forêt de Mogari est un film lent, très lent, voire contemplatif. La réalisatrice capte davantage une atmosphère calme, loin du tumulte des grandes villes. On entend le bruissement du vent, l'eau de la rivière couler, et des gens discuter. Je dirais même que par la texture du film que c'est très vert, à l'image de l'herbe et de la forêt omniprésentes.
Le rythme du film peut dérouter, car autant dire qu'il se passe très peu de choses, on est souvent dans le non-dit. Mais j'ai aimé cette approche zen, si j'ose dire, du deuil, car si on croit au départ que le vieil retraité est fou, il se révèle au fond très touchant au final, car il ne souhaite au fond qu'une chose ; rejoindre l'être aimé. Machiko Ono, qui joue ... Machiko l'aide-soignante, est elle aussi émouvante dans la recherche au fond de la paix par rapport à la disparition de son fils, dont les circonstances de son décès laissent penser qu'elle a joué un rôle là-dedans. Au fond, en plongeant dans cette forêt, et en subissant une certaine épreuve, elle va devoir affronter le pardon, celui qui lui donne l'occasion de se reconstruire. La fin est très réussie, mais je préfère en laisser la surprise.
Car La forêt de Mogari est au fond un film qui se mérite, pas forcément facile d'accès mais qui parle de très belle façon du deuil et de la reconstruction de soi.