Le film jouit d'un cadre rétro très joli: les années 50.La forme de l'eau est assurément une petite merveille visuelle avec des emprunts au cinéma de Jeunet et Cronenberg .Mais le film comporte aussi beaucoup de faiblesses.D'abord cette histoire de femme de ménage qui accède comme elle veut à un projet militaire top secret reste assez curieuse.Le film touche à plusieurs genres comme le fantastique, le film d'espionnage, la romance et la fable.La séquence introductive dans le rêve aquatique d'Elisa met bien dans l'ambiance. Guillermo del Toro a réinventé avec brio ce monde très cinématographique des années 50 . Mais je n'arrive pas vraiment à entrer dans le film. Je le vois défiler tranquillement. L'histoire m'a peu accroché.Puis, beaucoup trop de scènes sont décousues. Tout est cinéma jusqu’à cet appartement au-dessus d’une salle.Mais le personnage de Michael Shannon fatigue par ses excès. Il manque la lenteur, la fascination de la rencontre et une véritable attraction pour convaincre entre les deux amants.Des moments humoristiques sont bienvenus. Avec cette créature qui s'avère la copie de la créature du Lac noir (1954) de Jack Arnold et des effets appuyés, Guillermo del Toro surfe sur la représentation des minorités gays, personnes de couleurs , le féminisme, le handicap ou le harcèlement au travail .Comme un conte, il nous présente une Amérique des années 50 où le rouge et les communistes sont proscrits .Mickael Shannon est le mâle blanc dominant de cette Amérique beaucoup trop stereotypée. Avant sa rencontre, les plaisirs de l'héroine étaient déjà aquatiques .Ca, c'est plutôt bien vu.Mais, ce conte visuel est beaucoup trop froid.Le réalisateur ose filmer les corps nus, sales, suintant de façon assez clinique. Le film est trop long pour pas grand chose car il perd du temps avec des passages futiles. Guillermo del Toro s'évertue à mettre les personnages dans des cases de façon un peu clichée.Visuellement très beau,il n'y a pas assez de place pour regarder naître cette relation à l'image de cette étreinte lorsqu’ils inondent la salle de bain et se retrouvent dans une sorte de ballet aquatique .A trop marteler le concept de tolérance avec des personnages stéréotypés sur fond de guerre froide,cet Oscar du meilleur film reste décevant par rapport au plaisir trouvé dans la vision d'un La La Land ,par exemple,qui aura manqué l'Oscar !