Sorte de croisement entre "E.T." et "La Belle et la Bête", "The Shape of Water" reprend les codes du conte fantastique et les transpose dans un laboratoire américain secret des 60's. Là, une femme de ménage muette va peu à peu s'éprendre d'une étrange créature aquatique enfermée et étudiée par les militaires. Si la trame semble globalement convenue (surtout dans son dernier acte), "The Shape of Water" propose néanmoins une très belle histoire d'amour, sur fond d'hymne à la tolérance, avec quelques idées originales.
Le scénario pointe en effet du doigt le rejet des minorités (les 60's n'étant qu'un miroir de l'époque moderne), où s'il on n'est pas blanc, marié, et plein de succès, le système nous méprise. Au delà de ça, Sally Hawkins incarne avec malice cette femme de ménage sensible mais tenace, qui devra faire face à un colonel répugnant (ayant néanmoins une vraie profondeur), incarné par un inquiétant Michael Shannon. La mise en scène n'est pas en reste, avec une belle photographie basée sur des couleurs aquatiques oppressantes (turquoise, vert, bleu), des décors baroques qui font leur effet, et une réalisation efficace, qui apporte quelques trouvailles visuelles, bien accompagnées par la BO. Un beau film.