James Dean est un mythe. Disparu trop tôt, il a beaucoup fait parler de lui et a rendu chacune de ses apparitions curieusement très intéressante. Aussi quand Arte propose la rediffusion de La fureur de vivre, il ne faut pas hésiter, la soirée ciné télé est programmée. L'appréhension était présente, c'est certain et surtout à cause de cette aura autour du film, mais le résultat est on ne peut plus agréable.

Qu'on se le dise : American Pie n'a rien inventé du teen movie, pire il en a pris tous les travers. La fureur de vivre est une réussite en tant que film du genre car il réussit l'exploit d'évoquer les déboires, les attentes, les questionnements d'une jeunesse parfois blasée, en quête de sensations fortes et qui a besoin de s'affirmer. Qu'on soit dans les années 50 ou dans les années 2000, rien n'a changé, hormis la forme peut-être. James Dean est nouveau en ville et veut s'intégrer avec les jeunes à l'université. Des liens vont se former, des rivalités aussi, jusqu'au moment critique où un terrible accident survient : la mort de l'un d'entre eux va tout chambouler et les apparences vont tomber.

On se reconnait dans cette jeunesse américaine et là où le teen movie a pris l'habitude de la surenchère et du ridicule, La Fureur de Vivre reste juste. Les acteurs et James Dean le premier sont excellents, dans quelque situation que ce soit, de l'ouverture du film dans un état d'ébriété avancé au final tragique, il ne perd pas de sa splendeur et amène une énergie au groupe qui lui permet d'étinceler. Les problèmes familiaux, le besoin de reconnaissance des parents, l'incompréhension entre les générations, les malentendus, la quête d'une identité et le besoin d'un exemple à suivre : le film répond aux adultes et abolit les stéréotypes de l'adolescence et plus généralement de la jeunesse. Le sexe n'est pas l'unique besoin juvénile, bien d'autres critères rentrent en jeu.

James Dean peut faire l'effet ici d'un Heath Ledger dans The Dark Knight, il excelle dans son rôle, subit la vie en voulant la surmonter, il s'adapte à toutes les situations et réussit à être crédible alcoolisé comme terrorisé, dans la colère comme dans la joie et on peut même se demander s'il ne s'agit pas d'une biographie de l'acteur tant il s'approprie le rôle. Bien sûr Heath Ledger était plutôt un psychopathe dans son film mais là ils se ressemblent c'est que leur talent a explosé pour disparaître bien trop vite, énorme déception que de s'apercevoir qu'on ne verra jamais plus que ce qui a été fait, une fin prématurée.

La Fureur de Vivre, film jeune malgré son âge, se conclut dans un final intense où tout peut se produire et sur une fin qu'on taira tant elle laisse le spectateur bouche bée. Le trio d'acteurs principaux se retrouve dans une situation telle que la force des choses prend le pas sur leur simple volonté. Grandir est obligatoire mais c'est difficile, ça passe ou ça casse et dans certains cas l'issue est aussi inattendue qu'insupportable. Reste que le film fait la part belle à une jeunesse d'après guerre en opposition à toute une panoplie de principes des familles américaines sans avoir à crier sa haine sur un quelconque réseau social, rebelles de pacotille quand on peut simplement vivre avec les contraintes, passer outre sans sombrer, bref, évoluer pour devenir un adulte, grâce aux erreurs, grâce aux expériences, aux découvertes.
Carlit0
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le 12 mai 2012

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Carlit0

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