T'as l'même blue-frime que James Dean, t'arrêtes ton Jean
Un certain vendredi, le 30 septembre 1955, cheveux au vent au volant d'une Porsche 550 Spyder, James Dean joue sa dernière scène jusqu'à que le grand barbu planqué au-dessus des nuages hurle : "Coupez !". C'est à 17h59 lorsque James heurte une voiture qui lui a coupé la route que la star sera définitivement coupée au montage de la vie, alors âgée de seulement 24 ans.
C'était encore qu'un gamin, et il le restera à tout jamais aux yeux du public. Dès l'introduction, on découvre notre héros complètement torché, qui s'amuse allongé sur le sol avec un jouet. Il a voulu faire le grand, mais à travers cet état, on voit bien que ce n'est qu'un gosse.
James Dean joue à s'y méprendre, presque son propre rôle. James est James, surnommé Jim. Ce film consacre le mythe de James Dean comme éternel représentant de la jeunesse.
Ici, tout est salement américain. Notre protagoniste est un casse-cou rebelle, mais pourvu de bonne manière, car même bourré, il est gentil et propose sa veste de beau gosse à un inconnu alors qu'il est à deux doigts d'être placé en cellule de dégrisement. Bonne impression juste après l’emménagement.
C'est tellement cliché et à limite de la propagande, que ça en devient presque vulgaire.
Le beau gosse américain est incompris par sa famille américaine. Ses parents sont gentils mais un peu cons, ils mangent du beurre de cacahuète comme tout américain. Les darons parlent de leur jeunesse comme Katsumi parle de sa première fois, avec "Moi je me souviens... Moi, j'ai fait ça....c'était très bien... on s'amusait avec...". Tout le monde est beau, bien coiffé dès le réveil. La voisine est une bombe sexuelle, elle drague sereinement, et on (la) monte à huit dans une décapotable deux places. Et eux, ils ont le droit à des cours majestueux avec effets spéciaux dès les années 50. Y a pas à dire c'trop 'mother fucking trop good', les 'americans'.
Mais chez les américains, y a des trucs pas trop-trop cool non plus, comme les camarades rigolos qui indiquent quatre chemins différents quand tu demandes la route pour aller à l'école. Alors que t'essayes de faire croire que t'as 17 ans, alors que t'as au moins 5 ans de trop pour être crédible, et qu'en plus tu n'as pas idée de chercher où est l'école où tu as cours pour le lendemain la veille, mais préfères te prendre une cuite dans un bal. Puis y a le surveillant relou qui t'interdit de marcher sur une case. Et des paroles à s'en arracher les cheveux, du genre : "Bonsoir ma grande sœur chérie."
On a le droit à un vrai film ringard, digne des plus grandes productions pour adolescents.
On a un chef de bande dénommé Buzz détestable, chef de bande de véritables connards. Notre héros va quand même essayer de s'intégrer en imitant la vache en cours. Quel con. Et après ce vent, il ose dire qu'il ne veut pas de potes. C'est cliché à n'en plus finir, digne des pires teen-movie d'aujourd'hui, avec Platon, ce supporter non-populaire qui devient son meilleur ami au bout d'un jour. Oui une unique journée, ça frôle même l'ambiance gay parfois. Vas-y que les gros durs crèvent les pneus, vas-y que je sors un truc pour réparer et que je le jette dans le vide, vas-y qu'on m'insulte de "poule mouillée", vas-y on fait un combat burlesque au couteau, vas-y qu'on se donne rendez-vous pour s'affronter avant le souper.
ON VA VOIR QUI A LA PLUS GROSSE, ET QUI EST LA POULE MOUILLÉE.
C'est nauséabond mais pourtant ça se suit avec plaisir. Nicholas Ray sait y faire, et installe une ambiance surprenante où se mêlent suspens, drame et bonne humeur, aux côtés de cette insouciance et naïveté ridicule. Le cinéaste va bien plus loin que ça, et suite à ce surprenant accident, il nous prend à contre-pied, pour nous en mettre plein la gueule. La réalisation est très propre, c'est bien filmé à tel point que le duel laisse bouche bée. Puis le casting est porté par un James Dean incroyable.
Tout ce que le cinéma adolescent hollywoodien à offrir est concentré ici, dans ce qui se révèle être un modèle réussit, d'un genre quand même bien pourri. C'est truffé d'incohérences à la con, c'est tellement naze, mais tellement bien mené, qu'on peut bien le pardonner. On peut même y passer un très bon moment, si si, c'est vrai.
Nicholas Ray brosse le portrait d'un enfant qui cherche à devenir un homme. Un personnage représentant une génération de rebelles incompris, interprété par un James Dean incroyable. Un ado sempiternel que seul le cinéma a le don d'immortaliser.