Billy Wilder nous avait fait mourir de rire avec « Certains l’aiment chaud » , mais avec cette « Garçonnière », il nous enchante véritablement, trouvant l’équilibre parfait entre le cocasse porté avec tant d’élégance par Jack Lemmon en clown lunaire et l’émotion incarnée par Shirley Mac Laine, toute en fragilité et dont chaque gros plan sur ses yeux embués nous étreint.
Ce film est un petit miracle, d’une modernité rare par son rythme qui ne se relâche jamais, sa mise en scène d’une fluidité exemplaire, ses seconds rôles tous savoureux (du voisin médecin immigré polonais aux cadres cyniques de l’entreprise, en passant par l’ingénue rencontrée dans le bar) et une critique acerbe de la société américaine, où de vieux puissants ont des maîtresses jeunes qu’ils traitent avec muflerie ( thème étrangement d’actualité, certaines pratiques semblant immuables…) et où la réussite n’ a pas de prix, se mesurant à l’étage occupé dans l’entreprise.
Billy Wilder nous rend si attachant ce couple improbable de maltraités de la vie et nous fait passer subtilement de la farce de boulevard au mélodramatique, jusqu’à un final délicieux -quelque part entre «Manhattan » de Woody Allen et « Quand Harry rencontre Sally » - et pas si réjouissant qu’il en a l’air, à l’instar de celui de « Some like it hot ».