Cinq ans avant "La boum", il y eut "La gifle".
Chroniques adolescentes de Claude Pinoteau, doublées d'une radioscopie douce-amère de la société française des années 70, les deux films ne manquent pas de points communs, même si "La boum" sera plus dans le registre de la comédie pure.
Dans "La gifle", le ton n'est pas toujours très gai, malgré la présence de Francis Perrin dans le rôle du petit ami gaffeur. On a donc une grande adolescente en crise (Isabelle Adjani, agaçante donc crédible) couvée par son père (Lino Ventura, impeccable comme souvent), qui lui-même cumule les revers de fortune depuis quelques temps.
Quant à la mère d'Isabelle (Annie Girardot), elle s'est exilée à l'étranger il y a bien longtemps, favorisant sans le vouloir le mal-être de sa fille.
Le récit est centré sur le rapport conflictuel entre Adjani et Ventura, symbolisé par la fameuse gifle du titre, même si leur relation se nourrit aussi et surtout de tendresse et d'affection mutuelle. L'alchimie entre les deux comédiens est réelle, même si Isabelle a parfois tendance à en faire des caisses.
Ainsi, si certaines scènes suscitent un certain agacement, "La gifle" est le reflet fidèle d'une époque et des préoccupations antagonistes de deux générations durant cette période des seventies.
Les enfants du baby boom et de mai 68 sont en quête d'idéaux et de liberté, ce qui échappe un peu à la génération de leur parents, qui eux ont encore connu la guerre et sont de nature moins insouciante.
Bref, Claude Pinoteau signe une comédie de mœurs un peu inégale, mais qui constitue un témoignage savoureux de ces années 70 vécues par la classe moyenne française.
Au passage, parmi les copains d'Isabelle, on remarquera avec plaisir l'émergence d'une nouvelle génération de comédiens, certains devant se contenter de minuscules apparitions (Nathalie Baye, Jacques Spiesser, Richard Berry, André Dussollier...)