S'il y a un mot qui résume bien l'oeuvre d'Abdellatif Kechiche, c'est inégal. Ces films ne sont jamais mauvais (enfin « L'Esquive », on est quand même limite), jamais très bons, juste inégaux. « La Graine et le mulet » en est le parfait exemple, et on se demande même comment il est possible de faire alterner autant de bonnes choses avec un ennui parfois criant. Car des qualités, il y en a : un vrai regard, un certain talent dans la direction d'acteurs, quelques moments très drôles, des personnages assez touchants... Mais pourquoi 2h30? Encore seraient-elle justifiées, mais ce n'est pas le cas. Il faut voir certaines scènes (une en particulier, insupportable) durer et durer et durer sans que l'on sache bien pourquoi, si ce n'est nous emmerder tant elles ne font que ressasser les mêmes choses sans aucune progression. Heureusement que l’œuvre sait toutefois retrouver un vrai allant dans les 20 dernières minutes, à l'image d'une fin très forte bien que des plus brutales. Le résultat n'est pas déshonorant, loin de là, mais le réalisateur tunisien serait inspiré de concentrer nettement plus son propos à l'avenir, alors celui-ci saura enfin nous intéresser du début à la fin.