--- Bonsoir, voyageur égaré. Te voila arrivé sur une critique un peu particulière: celle-ci s'inscrit dans une étrange série mi-critique, mi-narrative, mi-expérience. Plus précisément, tu es là au quatorzième épisode de la septième saison. Si tu veux reprendre la série à sa saison 1, le sommaire est ici :
https://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Et si tu préfère juste le sommaire de la saison en cours, il est là :
https://www.senscritique.com/liste/les_petites_sirenes/3094904?page=1
Et si tu ne veux rien de tout ça, je m'excuse pour les parties narratives de cette critique qui te sembleront bien inutiles...---
Comme le film d'hier m'a plongé dans des abîmes de rêverie, j'ai oublié de relater ici les fait pourtant étonnants s'étant passés à bord. Puisque la sirène au cinéma prenait une tournure autrement plus profonde avec le film que j'y découvrait, j'en oubliais le réel. Heureusement, le film de ce soir a étonnamment su me rappeler à la réalité. Car s'il est un appel au rêve et à la créativité, son message se révèle d'autant plus fort qu'il reprend pied, tardivement, dans le réel, nous annonçant (ou nous confirmant pour le spectateur ayant été attentif aux détails) que l'histoire que le film raconte se trouve sur un autre degré de réalité. Cet empilement habile des couches de réalité m'a fait prendre conscience que moi-même, confrontée à ces films, je ne dois pas oublier l'aventure que je vis en même temps. Et même si le détail peut sembler anecdotique, peut-être se révèlera-t-il important dans la suite de notre périple.
Les membres de notre curieux équipage sont remontés à bord très excités ce matin. Partout au port on parle de ce marin fou, débarqué de notre navire à notre dernière escale, qui raconte à qui veut bien l'entendre que le bateau s'est fait attaquer par des sirènes. Puisque tous les autres marins à en être descendus ont été curieusement frappés d'amnésie, derrière l'hilarité que son histoire absurde déclenche, se cache quelques notes d'inquiétude. Ce qui explique la difficulté encore plus importante qu'a rencontré notre capitaine à recruter de nouveaux matelots. J'ai instantanément relié cette histoire au sourire malicieux d'une de mes amies sorcières après qu'elle ai appliqué son "philtre d'oubli" sur l'un des membres d'équipage nous quittant. Je ne suis pas très inquiète de notre léger sous-effectif, et la plaisanterie m'amuse. Puisque j’assomme l'équipage de films de sirènes, il n'a pas du lui coûter beaucoup de modifier les souvenirs du marin pour lui laisser entendre que certaines des scènes qu'il a vues dans ces films se soient réellement déroulées.
Cependant ce soir, pour éviter une surenchère, j'ai légèrement ralenti la cadence. Exit les films d'horreur, ainsi que les films duquel la sirène est le personnage principal. Ce soir, elle ne sera pas même un personnage récurent. Une scène, dans laquelle elle tient une silhouette plutôt qu'un rôle, c'est bien assez. Cependant, même en quelques images, on cerne la raison de sa présence : la sirène, ce soir est la reine des sirènes, maître-constructrice. Sa simple présence convoque l'imaginaire, l'enfance, et la surenchères d'idées farfelues que déclenchent le jeu. Elle n'a pas besoin de dire un mot, sa simple présence suffit à dire ce qui est à dire. Je suis encore une fois soufflée par la colossale puissance discrète du monstre du mois. Du reste, bon, encore une fois, que dire du film si ce n'est « Tout est vraiment génial »? Je ne comprends pas bien ce mois-monstre, au programme complètement absurde, ayant avancé très vite de la chronologie, comme si, pendant presque 100 ans, personne n'avais voulu ou été capable de faire un film de sirène, et que, ces 20 dernières années, tout le monde s'était empressée de corriger ce boudage. Je pense sincèrement que la sirène est très proche de la licorne, et que comme elle, internet lui a donné une seconde jeunesse, comme vecteur efficace, presque caricatural, du merveilleux. Bref, en résulte ce mois-monstre duquel le monstrueux est presque absent. Je ne cherche jamais à doper mon mois-monstre en film d'horreur, n'empêche que cette année, même en cherchant bien, je n'ai trouvé que très peu de film de ce genre. La romance, et surtout la comédie y sont bien plus présents. De là, des films au sujet desquels il est difficile d'écrire une critique sérieuse et constructive (dont Brice de Nice est le fier représentant). J'ai dit déjà en introduction ce que je pensais être le cœur du film, cette ode à la créativité, qui utilise la naïveté comme un levier humoristique (le bruitage à la bouche du bateau de pirate par exemple), ce qui permet d'ancrer la candeur de l'enfance dans le ton du film. Et, quand le film fait un pas en arrière, et nous révèle qu'entre lui et ses scénariste, il y a un petit garçon qui fait des bêtises dans le bureau de son père, cette innocence de l'enfance prend soudain une tournure dramatique énorme, et une puissance émotionnelle sans pareil (traduire : j'ai beaucoup pleuré). Quand on est revenus pour la première fois à un plan en prise de vue réelle, je me suis crispée, car ils ont été nombreux les films qui ont voulu expliquer qu'ils n'étaient que l'imagination d'un nouveau personnage (à commencer par tous les films en forme de « en fait c'était un rêve ! »), et qui s'en sont cassé la figure. Mais très vite, j'ai compris que Lego Movie allait s'en sortir avec brio, justement parce qu'il avait déjà suffisamment disséminé l'indice de la présence de cet intermédiaire. Je ne suis certainement pas la seule à faire ce reproche, mais j'aurai aimé que le film soit en stop-motion, tant le procédé semblait créé pour un film comme celui-ci. Quel dommage d'avoir fait le choix de la fausse bonne idée consistant à penser que l'animation 3D était plus simple et moins coûteuse. Surtout qu'on aurait beaucoup pardonné ses éventuelles maladresses techniques s'il avait été en stop-motion. Plus, non seulement on les aurait pardonnées, mais en plus elles aurait donné de la force au propos, nouvelles suggestion qu'aurait été toutes ces petites maladresses de la présence de l'enfant derrière le film. Du reste, c'est extrêmement drôle, de cet humour subtile, référencé et pourtant accessible à tous comme je les aimes. Ne pas citer. Ne pas citer. Ne pas citer. Je ne cite pas, mais de grâce, offrez-vous le droit de découvrir ce bonbon.