Un projet comme The LEGO movie peut inquiéter au premier abord. La marque aux briques colorées, véritable éponge de la pop culture moderne avec ses innombrables licences, s'est déjà diversifiée sur de nombreux médias : jeux vidéo, films pour le marché de la vidéo, et donc aujourd'hui un long métrage pour les salles obscures. La firme propose donc par le biais du studio Warner une nouvelle branche à sa stratégie commerciale. Le film se contente-t-il d'être qu'une simple pub d'1H40? Heureusement pour le spectateur, les réalisateurs Phil Lord et Christopher Miller (déjà coupable du démentiel Tempêtes de boulettes géantes) offrent surtout un bien belle hommage à l'essence même du jeu de construction.
Premier point où le film rend justice à l'univers LEGO est clairement son parti pris visuel. Donner vie aux figurines et à leur monde de briques à déjà été fait maintes fois, les films en stop-motion amateurs qui pullulent sur internet en sont témoin. Le film tend vers cet héritage en essayant de conserver les restrictions de mouvement propres aux bonhommes jaunes. Là où les jeux vidéo trichaient en offrant de la souplesse, le département des effets spéciaux Animal Logic (trilogie Matrix, Happy Fett, 300) opte pour l'authenticité. «Comme en vrai» les personnages ont une démarche saccadée et leurs pinces servant de mains ne se fixent pas toujours sur les objet qu'ils utilisent. Démarche de réalisme amenée encore plus loin grâce aux textures et à l'éclairage, les imperfections du plastique sont visibles et les plans donnent l'impression qu'un set de LEGO a vraiment été assemblé en dur. L'environnement est en effet intégralement constitué de briques. Les panoramas que cela propose sont incroyablement riches en détails. Une explosion de couleurs dont la 3D relief renforce un peu plus cette sensation de maquette filmée. Le vice est même poussé au niveau des effets pyrotechnique. Chaque flamme, explosion ou vague est simulé en LEGO. Le rendu de l'océan, entre autres, est tout bonnement hallucinant. Qui aurai cru qu'une adaptation de franchise aurai offert, de mémoire récente, le film d’animation en CGI le plus innovant d'un point de vue technique?
Avec son histoire d'élu qui doit sauver le monde et ses scènes d'actions survitaminées, le film pourrai simplement se contenter d'être un divertissement tout à fait honnête. Sauf, que le duo déjanté de Tempêtes de boulettes géantes a bien décidé d'exploiter au maximum le concept de l'univers. La Grande Aventure LEGO n'est en effet pas qu'un film avec des LEGO, mais sur les LEGO. Le scénario reprend donc les grandes lignes du film de prophétie à accomplir, avec son lot de méchant tyrannique, de mentor, et de héros qui doit trouver sa voie. Ce qui passerai pour des clichés parvient en fait à construire une histoire telle que pourrait l'imaginer l'esprit d'un enfant. L'humour et les dialogues vont dans ce sens et pourtant ne tombent jamais dans le niais ou le vulgaire. Les nombreux caméos de licences connus sont dans cette optique de vrais petits fantasmes de fan, mis à profit au sein du récit. On peut autant s'amuser de la brève rivalité entre Gandalf et Dumbledore, que du rôle important de Batman dans l'aventure. La balade dans les différents univers balisés (ville, western, etc...) n'en est que plus réjouissante. Ce parcours initiatique sert aussi surtout à prôner la créativité propre à la marque. Les possibilités infinies qu'offrent l'assemblage de briques contrastant avec la simple exécution d'une notice d'instructions.
Dans son point culminant, le film offre alors une bien belle mise en abîme sur le rapport du spectateur (de tous ages) avec le jouet LEGO. Une remise en perceptive qui amène un nouveau degré de lecture à l’ensemble. Subtilement amené tous au long du métrage sans que l'on y prête forcément attention, cela ouvre à un climax qui prend une toute autre dimension. Une émotion qui prend par surprise, légitime tout ce qui s'est déroulé auparavant et conclue le récit de manière touchante. The LEGO MOVIE ne pouvait être plus juste dans son appropriation de la philosophie transgénérationnelle qui suit la marque depuis sa création. Difficile d'en parler d'avantage sans trop en dévoiler, ce qui serait criminel. Il ne reste alors qu'à dire que dans son approche, le film est un digne successeur spirituel de la trilogie Toy Story.
Prouesse technique dans le domaine de l'animation, le film est surtout une ode à l’imaginaire et la créativité. Utilisant son matériau de base pour nous renvoyer à notre propre affect avec le jouet connu de tous. Dans La Grande Aventure LEGO, «Tout est super génial» (vous aurez cette chanson dans la tête pendant des heures).