La Grande Aventure LEGO
7.1
La Grande Aventure LEGO

Long-métrage d'animation de Phil Lord et Christopher Miller (2014)

"Ça ressemble à un texte pour poster de chatons, mais c'est vrai !"

Les briques éclatent, virevoltent, s'allument, s'imbriquent, s'écrasent, vivent, littéralement. Batman s'invite dans le faucon millenium pour y faire la fête, laissant en plan l'astronaute et le poney dans le bateau pirate de Barbe-d'Acier, capitaine bionique bourru. Qu'importe ! Faisons un vaisseau spatial !

Il y a quelque chose de magique dans La Grande Aventure Lego, un dialogue permanent avec l'enfant aventureux en nous, mélangeant ses pièces pour constituer toujours plus d'histoires sans un semblant de cohérence mais toutes pourvues d'une excitation, d'une fougue unique.

Mais pour établir ce dialogue, le film pose d'abord ses bases. Emmett, ouvrier lambda, tellement banal qu'il en devient inexistant, vit joyeusement dans un monde sous la coupe du mégalomaniaque Lord Business. Tout est est super génial, il a ses super meilleurs amis pour la vie, sa super émission télé et son super café à 37$. C'est alors que par un hasard fâcheux, Emmett se fait littéralement toucher par la main de Dieu et est embarqué dans une épopée grandiloquente, mythologique, hilarante et complètement délirante.

C'est là l'essence du Lego Movie, il parvient avec un certain brio à allier les besoins scénaristiques d'un film à grand spectacle de ce genre avec la logique absurde mais vivifiante du monde Lego tel qu'on l'a toujours connu.
Ici, un simple tube de glue devient la pire des menaces, puisqu'il anéantit ce qui fait la plus grande particularité des briques Lego: Leur imbrication, leurs possibilités de se séparer pour mieux se réorganiser, où l'originalité ne réside pas dans la matière elle-même, mais dans son agencement.

Lord Business, ici, tente d'imposer un agencement de ces briques qu'il considère comme parfait, comme il tente d'imposer une conception du bonheur. C'est la caractéristique principale du despote, et la transposition de cette logique purement Lego dans un univers identifiable, cohérent permet d'établir des fondements logiques, solides à partir desquels tout le délire des aventures d'Emmet dans les différents univers lego peut éclater sans faiblir, et ça c'est plutôt bien joué, puisqu'on peut alors sans se perdre suivre une succession de gags visuels tous plus hilarants, absurdes et burlesques les uns les autres. C'est un processus que l'on retrouve dans beaucoup d'oeuvres du genre, du type Monstres et Cie, où la logique propre à la mythologie des monstres de placards est transposée dans un monde à la logique elle beaucoup plus identifiable car en direct dialogue avec le notre (le monde de l'entreprise etc..)

----- SPOILERS -----

Mais alors, pourquoi seulement 7 ? J'avoue avoir eu du mal à cerner la note à donner au film, tant je pouvais me contredire sur certains points. D'un côté, différents moments-pilliers du film sont d'une lourdeur à faire pâlir un éléphant obèse, tant ils sont convenus et calqués sur un modèle purement hollywoodien. D'un autre côté, ils garantissent la tenue de l'épopée à la limite du mythologique, et permettent de rebondir sur ces clichés (je pense entre autres à la mort de Vitruvius, où son perso revient sous la forme d'un fantôme phosphorescent tiré par une ficelle, ce qui est quand même très drôle).
Aussi, que penser de la fin ? D'un point de vue, cette intrusion dans le réel permettait de rappeler qu'il faut voir toute cette aventure avec les yeux d'un enfant émerveillé par de simples briques en plastique, sentiment qu'à peu près tout le monde devait avoir au début de la séance avant qu'il ne se perde sous les explosions de briques et de vie durant celle-ci.
Mais de l'autre, après l'intrusion, j'avais l'impression que l'histoire était devenue accessoire, simple transposition des troubles du gosse. Sauf que nous, c'est l'histoire qu'on a suivi l'heure précédente ! On ne peut pas la dégager de cette manière sous prétexte d'avoir brisé le quatrième mur ! Quand même ! Rahlalala ! (voyez mon mécontentement)

Mais en même temps, toute l'histoire se résume à ça: La vision d'un enfant sur ses propres troubles, sur ses appréhensions. Puisque la réconciliation finale avec son père est évidente (aucun père n'est aussi peu compréhensif, enfin, je l'espère), et puisque jusqu'ici, toute l'histoire était fondée sur l'exacerbation des sentiments de l'enfant, alors en défiance des interdits posés par son père comme Emmet défiait l'ordre prôné par Lord Business, la résolution simple et rapide de l'histoire semble logique, qu'elle soit cohérente ou non.

Et puis franchement, pour voir les créatures informes de la petite soeur arriver dans le monde d'Emmet dans le but de "tous vous détruire", cette fin doit valoir le coup !

Créée

le 24 févr. 2014

Modifiée

le 24 févr. 2014

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Aronnax

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