Julien Duvivier, réalisateur des premières adaptations de l'oeuvre truculente et picaresque de Giovannino Guareschi, passe la main après deux excellents opus qui laissent toute la place à des suites de qualité.
Carmine Gallone reprend le flambeau pour ce troisième épisode, et réalisera même le suivant. Heureusement, si la complète réussite formelle des films de Duvivier n'est plus, les acteurs sont restés les mêmes, ainsi qu'un fond de métier qui permet d'emballer l'ensemble avec un charme gentiment persistant.
Bougrement génial en Don Camillo, Fernandel continue à étaler à la face d'un monde inepte et aveuglé l'étendue de son immense talent. A ses côtés, Gino Cervi fait des merveilles, en effet, sans Peppone, le maire communiste opposé à son vieil ami le curé, pas d'histoire possible.
Cette fois-ci, Peppone se présente à la députation, poussant d'ailleurs le vice jusqu'à passer avant son certificat d'études... Si vous ajoutez à tout cela une jeune secrétaire accorte envoyée de Rome par le Parti, la réaction de l'épouse légitime, le récit de la rencontre des deux compères, un vieux tank de la seconde guerre mondiale et un Christ en croix toujours en voix, vous avez tous les ingrédients pour faire un épisode particulièrement efficace.
Le charme des petites villes italiennes de province agit en tout cas chez moi parfaitement. Quelques verres d'un joli vin, un plat roboratif et campagnard, une excellente petite grappa digestive apportée par maître Pruneau, un chat sur les genoux dans un lit confortable avec Madame, voilà qui suffit largement à goûter pleinement cette charmante comédie comme on ne sait plus en faire depuis cinquante ans.
A noter que les Ritals d'après-guerre sont plus civilisés que nous : le cumul des mandats étant interdit, si Peppone est élu, il ne pourra pas rester à la fois maire et député. Et ça, même la girouette hypocrite, vendue et cumularde de Saône-et-Loire vous le dira, c'est un peu la moindre des choses.