La Grande menace
6.9
La Grande menace

Film de Jack Gold (1978)

En l’espace de deux années, Lee Remick n’a pas de chance. Après avoir dû lutter et rendre les armes face à un enfant possédé, la voilà aux prises avec un patient qui semble lui aussi posséder par le mal. Mais si le premier donne lieu à un carton mondial (La Malédiction reste, avec L’Exorciste, un des films incontournables de cette décennie qui s’est penchée sur des incarnations du diable), le second a pâti de sa position de suiveur et ne s’est jamais réellement imposé. Ni au moment de sa sortie en salles, ni en vidéo ni sur le petit écran. La Grande Menace est même devenu un film ultra rare, en tout cas dans sa toute première version VF. Celle qui désormais se trimballe est une deuxième version totalement ubuesque où la voix de Lino a elle-même été redoublée. En clair, de l’inaudible. Incompréhensible, en tout cas, que ce titre ne jouisse pas d’une meilleure audience et d’une plus grande sympathie car le film est une vraie réussite grâce, notamment, à son casting d’enfer. Lee Remick est, de nouveau, adorablement terrorisée. Lino Ventura dans son environnement avec cette histoire kafkaïenne. Richard Burton imposant dans cet être doté de télékinésie. Rien que pour ce joli trio, le film vaut le déplacement.


Mais le récit est surtout bien amené et terriblement malin. Si on y trouve beaucoup moins de péripéties que dans bon nombre de films de cette trempe, l’histoire joue sur les multiples flashbacks. Ordinairement lourds comme des chapes de plomb, ces derniers ici sont plus astucieux et permettent de faire rebondir l’histoire par de nombreuses révélations. Le thriller fantastique, plutôt bavard avouons-le, bascule dans le film catastrophe dans sa dernière ligne droite, soulignant aussi à quel point ce film franco-britannique ne manque pas d’opportunisme en souhaitant brasser différents genres à la mode. Mais c’est habilement conduit et le final (même s’il est attendu) fait son effet.


Dans ce délicieux combat de regards puissants (celui de Richard Burton contre celui de Lee Remick) où l’ombrageux Lino tente d’y voir clair, le spectateur se laisse entraîner sans mal et passe outre les invraisemblances (notamment de langues) qui traversent de nombreuses scènes, et notamment de rencontres. Tout n’est pas toujours maîtrisé, le film n’a pas toujours très bien vieilli (la scène de l’avion qui s’écrase), le propos est parfois schématique mais l’ambiance fonctionne bien et donne un film au ton très 70’ vraiment réussi. À quand une meilleure audience pour ce titre vraiment efficace ?


Play-It-Again-Seb
7

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le 12 août 2024

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