Rolla Norman incarne un joueur de rugby toulousain très prometteur, qui enchaine les victoires au point de jouer le championnat de France. Son amour du jeu est telle qu'il ne veut pas se fiancer à une jeune femme, jouée par Lili Dagover, et préfère s'amuser lors de soirées où il rencontre une autre personne, qui veut peu à peu se l'accaparer, au risque de nuire à ses performances au rugby.
Aussi méconnu soit ce film, il doit être le premier à célébrer le ballon ovale, où on voit non seulement l'entrainement des joueurs mais aussi un match très important. Aussi basique soit l'histoire, il y a une idée de mise en scène que je n'ai jamais revu ailleurs, qui est de filmer à plusieurs reprises les joueurs par-dessous, comme par exemple lors d'une mêlée où la caméra semble à un mètre en-dessous d'eux. Il s'agit en fait d'une plaque de verre posée sur une plate-forme, mais l'effet est saisissant. Ce qui compense par contre certains effets grossiers, comme plusieurs gros plans où les joueurs, comme Rolla Norman, se mettent à courir, mais on voit très bien qu'ils courent sur place, avec un décor déroulant à l'arrière-plan.
Comme tout bon film muet, La grande passion parle aussi de son époque, et on voit par exemple quelques plans en extérieur de Chamonix, où va se dérouler une compétition de luge décisive pour la suite de l'intrigue ainsi qu'une course-poursuite finale. Mais on ne peut pas dire que Rolla Norman soit un monstre de charisme, ce qui retire un peu de charme à cette romance triangulaire au fond assez classique, mais aux innovations formelles intéressantes.