Cette comédie est réalisée dans la foulée du "Corniaud" avec le même duo Bourvil /De Funès en 1966 et c'est à nouveau un triomphe en France consacrant définitivement Gérard Oury et son style de comédie.
Cette fois-ci notre tandem est composé de deux personnages complètement antinomiques. Deux hommes que tout oppose vont devoir s'associer pour aider un groupe d'aviateurs anglais abattus lors de leur passage malencontreux sur la Capitale.
Il s'ensuit une cascade de gags tous plus hilarants les uns que les autres. On a beau avoir vu des dizaines de fois ce film, on est ravis de revoir les mêmes scènes, qu'on attend et qui sont devenues cultes.
Il y a, certes, les répliques de Bourvil ou de De Funès aux bains turcs, les quiproquos à l'hôtel avec les allemands, les claquements de dents de peur lorsqu'ils sont pris par les allemands, etc …. Mais il y a aussi les autres personnages, anglais, Terry-Thomas, qui contribuent fortement à générer cette atmosphère si sympathique, si particulière. De la scène dans le train où l'officier allemand déclame du Péguy devant l'anglais dont on attend qu'il fasse un impair à la scène où les anglais s'emparent de la camionnette des bonnes sœurs ou Terry-Thomas qui subtilise les bouteilles d'Hospice de Beaune, les gags ou situations comiques ne manquent pas.
Si toutes ces scènes ont passé les années et dégagent toujours leur potentiel comique, c'est que les acteurs restent natures et simples et n'hésitent pas à faire de l'autodérision sur leur propre physique ou sur leur propre mentalité.
Le comique fonctionne car chacun se met dans la position du personnage et ne se prend pas au sérieux, un peu comme des potes en vacances qui feraient la tournée des grands ducs et n'hésitent pas à se lâcher.
Le fond historique n'est là que pour créer les situations hilarantes. Point d'objectif didactique ou pédagogique. Point de volonté franchouillarde de damer le pion à qui que ce soit. C'est une guerre où il n'y a pas de morts. On est presque dans un jeu de ballon chasseur. Mais attention, tout le génie de Oury et de son équipe a été de soigner la reconstitution d'un Paris de l'Occupation, les rues, les vélotaxis, les costumes de façon à ce que tout soit crédible et que l'attention du spectateur reste bien sur les gags et non sur des questions historiques.
Pour conclure, je dirais aussi que l'émotion n'est pas absente et notamment la relation tendre entre Bourvil et cette si sympathique actrice qu'est Marie Dubois.