Il est difficile de porter un jugement critique sur un film qui, à force d'être vu et revu, a perdu toute sa spontanéité comique, aussi bien dans le déroulement du scénario que dans ses nombreux gags. Toutefois, si on s'amuse chaque fois un peu moins des pérégrinations trop connues de Bourvil et Louis de Funès, le film de Gérard Oury n'en demeure pas moins une comédie extraordinaire.
Bien sûr, on peut toujours reprocher au cinéaste son évocation sans aucun réalisme de la France occupée ou son image déformée d'un pays profondément courageux, actif et patriotique. Et, à cette fin, quoi de mieux que de s'amuser aux dépens de soldats allemands ridicules et vaincus? C'est, en tous les cas, une tradition du cinéma comique français que d'éliminer la plupart des sujets de l'Occupation qui fâchent.
Ces considérations mises à part, "La grande vadrouille" est bien drôle. La qualité des gags -pas toujours la meilleure part des films d'Oury- et la perfection comique du couple de Funès-Bourvil -que l'opposition de caractères contribue à rendre irrésistible- ne sont plus à démontrer. De surcroît, à défaut d'authenticité historique, la comédie ne manque pas de moyens et apparait une riche et ambitieuse production.