L’ode à la création et aux imaginaires
Au cœur des gorges de l’Ardèche, la grotte Chauvet constitue un lieu privilégié pour les paléontologues à l’instar de Lascaux ou de Cussac. L’Allemand Werner Herzog, aussi doué pour la fiction que pour le documentaire, a eu le droit d’y poser ses caméras pour une visite unique, à la recherche des premières traces de l’humanité.
Alternant interviews avec les spécialistes français de la grotte, parfois dans un anglais hésitant, et plans somptueux des œuvres d’art qui s’y trouvent, la grande force du documentaire est de faire naître chez le spectateur un enchantement irréaliste. Difficile quand on sait la durée du tournage et ses conditions difficiles. Nous avons véritablement l’impression de découvrir la grotte, effet accentué par l’utilisation magistrale de la 3D qui prouve ici son utilité.
Il est en effet très utile d’utiliser cette technologie du présent dans cette grotte du passé pour restituer au spectateur le travail, finalement très cinématographique, des hommes d’hier. Le relief de la roche et des œuvres picturales qui s’y trouvent est alors parfaitement reconstitué. Le tout est magnifié par des séquences de musique classique où les peintures d’animaux s’enchaînent avec délicatesse pour un moment tout empreint de mysticisme et de beauté ancestrale.
Pédagogue sans oublier sa patte artistique, Werner Herzog prouve une fois de plus son talent et nous guide à travers une extrême réflexion sur les imaginaires de nos ancêtres avec cette même question redondante qui traverse le film : et si le cinéma avait été inventé depuis 35 000 ans ?