Sergio Leone, 1975 : J’ai découvert très jeune la Trilogie du dollar avec papa. Trois ou quatre fois par an, nous allions, ensemble, au cinéma. Je n’ai compris que plus tard qu’il m’ouvrait un accès à son imaginaire, forgé, lors des années 40, à l’école du western classique. Après avoir ri jaune devant le cynisme de Clint, il me dévoilait des bribes de sa propre enfance, son amour de John Ford, de Howard Hawk et Antony Mann. Dans Leone, papa discernait non pas la naissance, mais plutôt l’inéluctable décadence de notre civilisation.
Georges Lucas, 1977 : J’ai onze ans. C’est moi qui aie fait découvrir à papa le phénomène Star Wars. J’étais Han Solo, un héros audacieux, courageux, roublard et plus franc que ne le fut Clint. J’ai vécu la première trilogie en cassettes VHS, figurines, jeux vidéo et autres revues... J’ai rêvé Star Wars. J’ai vécu Star Wars. Lucas est mon génie. Je ne veux rien savoir des avalanches de suites !
Peter Jackson, 2001 : Je suis entré dans Le Seigneur des Anneaux (1985) à la fac. J’ai vécu trois jours et trois nuits avec la « version » papier. Une illumination. J’ai troqué mes rêves de vitesse lumière et de sable laser pour un compagnonnage exotique de trolls, elfes et nains. L’annonce de son adaptation au ciné m’a plongé dans l’inquiétude. Je redoutais de voir mon imaginaire profané par un réalisateur fantomatique. J’avais tort. Le résultat était parfait. J’ai pris le plus grand plaisir à le présenter à mes enfants. C’est ensemble que nous avons sillonné la Terre du Milieu. La suite leur appartient.