A un client voulant divorcer, l’avocat Gavin d’Amato lui raconte une histoire, celle des Rose et de leur couple. Un mariage plein d’amour, et très vite une vie bien rangée, trop bien rangée. Barbara était une jeune femme libre. Elle a usé de son temps pour décorer et emménager leur maison, avant de réaliser qu’elle n’avait plus de sentiments pour Oliver. Lui est un avocat renommé, studieux, fier d’avoir construit sa destinée, une famille, et dont son argent a pu permettre de lui apporter tout ce qu’elle voulait. Mais, entre les deux, les sentiments ont changé, Barbara rêve de liberté, Oliver veut conserver sa situation. De petites remarques en petites vexations, leur inimité va prendre des nouvelles dimensions une fois que le divorce est mis sur la table, mais que chacun veut garder la belle maison.
C’est la troisième fois que Michael Douglas (Oliver), Kathleen Turner (Barbara) et Danny DeVito (Gavin) se retrouvent après A la poursuite du diamant vert et Le diamant du Nil. Danny occupant par contre cette fois le poste de réalisateur en plus. C’est cette complicité, réelle, qui les unit, que DeVito va filmer se désagrégeant. La maison autrefois signe de leur union est jalousée, ayant perdu son innocence, et même malmenée par les querelles progressivement de plus en plus violentes qui vont s’y jouer. Danny DeVito y accorde une grande importance dans l’oeil de sa caméra, mais ce sont bien les prestations des deux acteurs qui occupent toute l’attention. De la joie à l’ennui, puis du ressentiment à la haine. Une escalade de sentiments qui ne peuvent aller que droit dans le mur.
Il ne s’agit pas vraiment de qui a raison ou qui a tort. Le film prend d’ailleurs un certain soin à différencier ses personnages, et leur laisser à chacun leurs bons et mauvais côtés. Chacun fera son choix, mais ce sera probablement plus dû à sa personnalité et son expérience qu’une décision imposée par le film.
Bien qu’elle présente un milieu aisé des années 1980 qui aura perdu de sa superbe, la satire reste mordante. Le film tient bien en compte ce fait de société : l’amour n’est pas éternel, et le mariage peut être une prison ou un ring de boxe, c’est selon. Bien qu’une morale soit bien présente à la fin, elle n’implique pas un retournement naïf, un retour des sentiments comme cela a souvent été le cas des films hollywoodiens prenant pour cadre le divorce. Le film en profite aussi pour s’en prendre au matérialisme, à l’importance des biens dans la tête des gens. Et n’a-t’on pas dit que les années 1980 étaient celles de l’argent ?
Si on peut reprocher à Danny DeVito une certaine lourdeur dans sa réalisation, avec des effets de style trop appuyés, à l’inverse, son académisme est utile pour contrebalancer l’escalade des évènements présentés, rapidement exagérés. Le film en fait un peu trop par moments mais il ne prétend pas à la critique sociale naturaliste. C’est du grand spectacle, un peu calibré, mais avec un minimum de fonds pour interroger chacun de nous. Surtout, Danny DeVito offre une belle tribune à deux acteurs confirmés pour leur laisser exprimer une large palette d’émotions.
Comme l’a dit un grand poète : « Quand l'amour n'est plus là. Que te reste-t-il pour survivre ici-bas ? »