Donzelli s'est imposée une double gageure en décidant de réaliser "la guerre est déclarée" : mettre en image l'histoire dramatique d'un enfant en danger de mort et rejouer elle même ce drame qui lui est arrivé. Pari doublement casse gueule donc, dont elle se sort plutôt bien, en vaillant petit soldat.
Même imparfait, même un peu long, même maladroit parfois, le film finit par toucher juste, car jamais Donzelli n'oublie qu'elle doit raconter son histoire vraie avec les outils impartis à la fiction. Elle se joue des pièges du mélo, utilise avec grâce sa caméra, s'amuse avec la voix off, et plonge, espiègle, les deux mains dans le cambouis.
On le sait, le film est plus une ode à la vie qu'un énième opus tire larme sur les affres du cancer. Ici, on se bat : à coup de chansons, de danse, de champagne et de fous-rire. Roméo rencontre Juliette, dès le début l'histoire est placée sous le signe du Destin. Et sous le signe du couple tragique, qui pour le coup ne devra pas se battre contre des familles ennemies mais contre la camarde qui les attend au tournant. Car en fin de compte, derrière l'anecdote, le propos est plus large : la guerre que ces deux là déclarent, c'est la guerre que doit toujours mener deux personnes qui s'aiment pour parvenir à rester ensemble. La force du film est dans sa légèreté même : ne pas s'appesantir sur le péril qui menace Adam, mais tresser de jolies variations autour d'"elle et lui", couple d'aujourd'hui perdu dans le tourbillon de la vie. En reprenant un sacro-saint principe, désespérant mais inévitable : "le bonheur n'a pas d'histoire".