C'est de la mort de sa mère dont parle Pialat dans La gueule ouverte (quel titre !). Rien d'enjolivé dans cette lente agonie pendant laquelle le mari et le fils de la mourante poursuivent ce qui les fait vivre intensément : le sexe ou l'alcool, essentiellement. Du cinéma naturaliste, aux dialogues faussement anodins et aux silences de plomb, à la fois rude et pudique, puisque sans montrer outre mesure les derniers spasmes d'une existence qui s'enfuit. Mais il n'y a pas le moindre sentimentalisme dans le film qui rend au plus près de la vérité les réactions plus gênées qu'émues face à une disparition. Pas d'effets mélodramatiques de cinéma et pourtant c'est du cinéma. D'un auteur majeur et irréductible. Avec un Hubert Deschamps qui domine aisément une distribution où se mêlent comédiens amateurs et acteurs professionnels (Baye, Léotard) sans que cela nuise à la puissance du film.