La patisserie allemande est réputée pour son feuilletage. Là, niveau couches, on est servi : un Porto Rico d'opérette où tout le monde parle la langue de Goethe, une suédoise pédophile qui nous aura fait languir un bon moment avant de dévoiler ses accroche-coeurs, une intrigue médicale incompréhensible (mais qui est Lambert ?), et une tante Anna assez fashion avec ses lunettes de soleil modulables rendent le strudel fortement indigeste.
Mais qu'est-ce c'est que cette histoire ? Un personnage sous le charme d'un ailleurs abandonne tout sur un coup de tête. 10 ans après, la conscience est venue qu'elle ne s'adaptera jamais et que la première occasion pour rentrer sera la bonne. Sauf qu'on ne nous raconte rien de ça, première ellipse gigantesque, et le film choisit de ne nous montrer que les à-côtés de l'histoire. Du coup de foudre, et de comment le couple s'est détérioré, on ne saura rien. L'ancien amour suédois qui débarque pour enquêter sur l'épidémie de fièvre n'est qu'un personnage utilitaire pour donner une fin à cette escapade malencontreuse. Ajoutez à cela une Zarah Leander qui louche et palpite sans qu'on comprenne pourquoi (enfin, si Scritch a une théorie), cet enfant blond prénommé Juan qu'elle tripote, des musiques asynchrones, des personnages masculins désincarnés, les mêmes plans montés plusieurs fois (oui, je m'insurge, le film a beau être nul, c'est pas une raison).
1937, Douglas Sirk est encore Detief Sierck; essayant de quitter l'Allemagne nazie, il aurait tourné ce film aux Canaries pour obtenir un passeport. Et là on comprend mieux pourquoi il avait besoin d'exotisme. On comprend moins bien pourquoi le film a eu du succès, et paraît-il, lancé la mode des accroche-coeurs en Allemagne... Mais il restera dans l'histoire du ciné-kloub pour le fou rire homérique qui a laissé à terre Scritch, Torpenn, Pruneau et mère Pruneau... Chose, je ne sais pas, peut-être qu'il rit sans faire de bruit ?