Je suis vraiment étonné de la non-influence du cinéma de Christophe Gans dans le cinéma français. Ces dernières années, une poignée de films de genres français sortent avec le même cycle de vouloir faire décoller une mode et de se planter avec des poussières au box-office. Prenons Le pacte des loups (qui a réussi à faire 6 millions d’entrées alors que les réalisateurs d’aujourd’hui n’arrivent pas à 100 000), gros mélange d’influences du cinéma italien au cinéma asiatique où un fan se fait plaisir et monte son projet avec ambition et moyens. Le film, avec ses qualités et ses défauts, reste comme un morceau unique qui ne ressemble pas à un autre et nous ressert encore et encore jusqu’à nous rassasier et rentabiliser une place de ciné. Et ce qui en fait son succès en partie est évidemment cette reprise du patrimoine français, la Bête du Gévaudan ici. En voilà un film de genre français qui aurait pu lancer l’industrie.
Quant à La horde, il aurait plus sa place dans une industrie du bis en fin de vie, à l’instar des fatales années 80 italiennes, celles qui ont suivi L’avion de l’apocalypse (entre autres). Le film fauché impertinent pour le fan qui récoltera des miettes.
A vouloir être un film de zombies français, il y a effectivement des zombies et c’est un film français, oui… mais non. Ancré, trop ancré, dans sa sous-culture américaine que tout le monde connaît, avec quand même un personnage de papy à la Georges Lautner, La horde n’apporte rien de plus au genre. On peut s’attendre à un script basique de personnages seuls contre une horde de zombies, personnages différents qui devront s’unir pour survivre, avec de grosses gueules et de gros guns qui exploseront les têtes des infectés et les oreilles des spectateurs. C’est bien ce à quoi on a droit, et rien de plus pour nous surprendre, que ce soit sur le fond ou sur la forme on pourrait tous deviner ce qui va se passer et comment c'est montré à l'avance, à la limite de l'anonymat artistique. Un film de fans fait pour des fans. Mais quand on regarde un film, on s’attend à de la nouveauté, quelle qu’elle soit. Ici, c’est au point mort, oubliable dès le générique de fin. Yannick Dahan veut faire décoller le cinéma de genre français, il parvient à le faire reculer avec une impertinence totale.
On pourrait le remercier d’être honnête et de ne pas avoir ajouté une note d’auteur pour faire un pur film de divertissement pour du divertissement. Mais on aimerait lui expliquer que le divertissement passe aussi par un lourd travail, car on sent ici que c’était sur le plateau que l’on s’amusait. Divertissant de balancer des insultes plus inventives les une que les autres. Divertissant de se battre contre deux gars qui crachent du sang. Divertissant de courir et jouer un zombie. Mais dans le film, le résultat frôle l’amateurisme entre des figurants pas crédibles à la limite de sourire en regardant la caméra et les acteurs qui se croient bad-ass mais sont bons pour faire les caïds dans une cour d’école. Une direction artistique ratée qui, au mieux, laisse indifférent. Les répliques outrancières assurent le bis et le plaisir, pas forcément dans le bon sens, du spectateur. Et pour être gentil, il y a tout de même quelques minutes qui m’ont amusé, un petit plaisir communicatif de la part de l’équipe du film.*
Mais sinon, je n’aurais pas aimé à ressentir ce moment de solitude. La horde pourrait énumérer une liste incroyable de défauts contre lesquels Yannick crache dans son émission. Yannick veut, mais force est de constater qu’il ne peut pas. Son film est déjà moins chiant que Le lac des morts-vivants, c’est déjà ça.