Décidément, le film de genre français est voué à ramper pour toujours dans la fange et ne parviendra jamais à briller de tous ses feux. Si l’on excepte Haute tension et Calvaire, éventuellement Martyrs, c’est morne plaine depuis Mathusalem, et les récents Frontière(s) ou Mutants n’ont rien arrangé à l’histoire, ni d’ailleurs cette Horde famélique et ratée qui voudrait rendre hommage à de multiples sous-genres brillamment illustrés naguère (Carpenter, Romero…), alors qu’en fait non. Certes, le projet est sincère, volontaire, gore comme il se doit, mais très loin d’être abouti et réussi, et très loin aussi des puissants 28 jours plus tard ou L’armée des morts auxquels il fait sérieusement penser, jusque dans le look de Jean-Pierre Martins qui ressemble beaucoup à celui de Michael Kelly dans le film de Snyder, ou la vision non pas de Londres vidée de ses rues, mais de Paris sous les bombes et les flammes.
Niveau boucherie et charcutage, on est servi, c’est du carnage en règle avec mutilations diverses et giclements de sang en veux-tu en voilà. Pour le scénario, les dialogues ("Putain !" et "Enculés !" pendant 1h30) et l’interprétation, en revanche, on repassera tant le niveau zéro surpasse les clichés qui, eux-mêmes, surpassent les incohérences (c’est comme dans Inception, y’a trois couches à se fader jusqu’au néant total). Coincés dans un immeuble de cité se réduisant à un couloir crasseux et une cage d’escalier miteuse (absence de budget oblige), la tension est inexistante, mal exploitée, et le rythme n’avance pas, inégal, suivant sans originalité le scénario classique du film de zombies (se cacher, courir, survivre, tirer dans le tas) sans rien pouvoir en faire ni en magnifier quoi que ce soit (à l’inverse du choc 28 semaines plus tard).
À part Jo Prestia qui subit le revers de la médaille d’Irréversible (le Ténia, c’était lui), la gueule défoncée à son tour à coups de pilier de parking (l’extincteur n’est plus tendance), Claude Perron qui se déchaîne dans une cuisine et une scène incroyable où Martins, sur un capot de voiture entourée d’un océan de zombies, tranche dans le vif avec une allégresse qui fait plaisir à voir, La horde n’offre pas grand-chose à se mettre sous les maxillaires : aucune portée, aucun discours, rien d’intelligent et pas même l’once d’une miette de commencement d’un éventuel suspens acceptable (on peut ainsi, tranquillement, s’entraîner sur les différentes pratiques du bâillement, en décroché, en couché, en développé assis, etc.).