Question western, on peut dire que les spectateurs américains ont été gâtés en 1969, avec la sortie de 3 classiques du genre ! Le must "Butch Cassidy and the Sundance Kid", le monument "C'era una volta il West", et le film de Sam Peckinpah, "The Wild Bunch".
Ce dernier partage un trait commun avec le film de Sergio Leone. Tout deux évoquent le western comme un genre en fin de vie, à travers un monde moderne qui rattrape les pistoleros du vieil Ouest. Ici, l'action se déroule en 1913, et l'on suit un groupe de bandits pris entre deux étaux.
D'un côté, une compagnie du rail prête à tout pour les abattre, y compris embaucher des crapules encore plus sinistres qu'eux. De l'autre, des militaires mexicains en pleine révolution, mettant à feu et à sang leur pays. Un monde en ébullition, dans lequel les vieilles valeurs telles que l'honneur, la fidélité, ou la parole sont devenues des faiblesses poussiéreuses. Seules la ruse et la violence semblent désormais fonctionner.
Des thématiques abordées en premier lieu avec un série de gueules cinquantenaires impériales, habituées au western ou à l'âge d'or hollywoodien. On citera évidemment William Holden en chef de bande plein de ressources, qui comprend qu'il est dépassé, mais ne peut rien faire d'autre qu'une fuite en avant. Ernest Borgnine en bras droit bonhomme et fidèle. Et Robert Ryan en ancien acolyte qui a retourné sa veste contre son gré.
Mais la vraie star du film, c'est Sam Peckinpah ! Le réalisateur utilise de nombreuses innovations, qui auront un impact énorme sur l'industrie du cinéma et des générations de cinéastes. Des zooms à point nommé (technique qui sera très à la mode dans les 70's). Un montage sonore varié, avec notamment des effets propres à chaque type d'arme. Des ralentis, procédé alors inédit pour des séquences d'action.
Tout ceci est englobé dans un montage à la richesse inouïe. Avec près de 100 km de pellicule utilisés pour plus de 1200 prises de vue, pas étonnant que le montage du film s'étendit sur 6 mois ! Le résultat offre des séquences d'action tout simplement fabuleuses pour l'époque. L'introduction explosive, l'acte de bravoure centrale, ou le final apocalyptique, parviennent à trouver l'équilibre entre le chaos causé par la violence et la fluidité de l'action qui se déroule à l'écran.
A côté, il est peu dommage que le film souffre d'un coup de mou sur certains passages. Les scènes de fête ou de liesse sont notamment un poil répétitive. Néanmoins, "The Wild Bunch" marque de manière importante la fin du western traditionnel... et annonce le futur cinéma d'action.