Après "Coups de feu dans la Sierra", je fais un saut de 7 ans dans la carrière de Sam Peckimpah pour échouer dans la "horde sauvage".
Alors que le premier des films cités mettait en scène deux figures emblématiques du western plutôt positives, "la horde sauvage" met en scène une brochette de personnages dont on comprend -assez rapidement - que leur seule issue possible sera la mort.
Le scénario raconte l'itinéraire d'un groupe de bandits (une horde) menés par des vieux briscards Pike (William Holden) et Dutch (Ernest Borgnine). Des pros mais des pros en fin de carrière avec pas mal de casseroles au cul. Une première affaire (le vol de la paye des ouvriers du chemin de fer) est un échec. Ils tentent de se refaire sur une seconde affaire (un vol d'armes et munitions pour le compte d'un général mexicain Mapuche qui est en lutte contre Pancho Villa). Deux affaires, deux bains de sang particulièrement violents.
Le western de Peckimpah est avant tout un western de gueules. Que ce soit Holden ou Borgnine, les gros plans montrent des visages burinés et fatigués et Peckimpah fait de fréquents flash-backs sur leur passé, sur les erreurs commises, leurs lâchetés ou sur leurs succès. Quand un homme en est à ressasser le bon vieux temps, c'est que l'avenir n'est plus devant.
Dans le film, on assiste à une dernière infamie où Dutch (Borgnine) préfère abandonner un compagnon Angel dans les griffes du général Mapuche pour sauver le reste de la horde. Un mouvement de regret ultérieur signera leur perte.
D'ailleurs, il y a aussi une autre "gueule" sur laquelle s'appesantit Peckimpah. Il s'agit de Thornton (Robert Ryan). Thornton est chargé par la compagnie de chemin de fer de mener une expédition avec des chasseurs de prime pour traquer et éliminer cette horde. Ce que l'on apprend, c'est que Thornton a eu été un compagnon de Pike et Dutch qui a aussi été sacrifié pour sauver leur peau.
L'histoire se répète donc.
Dans ce western, il y a peu de gens sympathiques. Parmi les bandits, seul Angel (au nom prédestiné) veut détourner une caisse d'armes pour que les gens de son village aient les moyens de se défendre. Est-il pour autant sympathique ?
Parmi l'équipe chargée de la traque, on a affaire à d'affreux jojos qui vendraient bien père et mère pour un demi-dollar.
Quant aux mexicains, le général a tout du profiteur, du roitelet dont l'unique objectif est de s'en mettre plein les poches au détriment de la population. C'est d'ailleurs bien pour cela qu'il lui faut lutter contre le révolutionnaire Pancho Villa, défenseur du bas peuple...
Pour ce qui concerne la réalisation, on a affaire à du travail de qualité. Un savoir-faire évident de mise en scène.
Dès le début, pendant le générique, où on voit simultanément la horde en train d'effectuer le hold-up et un rassemblement de gens manifestant pour la tempérance, Pike (W. Holden) dit :
"S'ils font un mouvement, tuez-les", le nom du réalisateur Sam Peckimpah s'affiche à l'écran, le bal peut commencer...
De nombreux mouvements de caméras et l'emploi systématique de plusieurs caméras pour simuler les mouvements ou la simultanéités des actions.
De même, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'il y a beaucoup de second degré pour souligner le ridicule des personnages comme par exemple la scène où les militaires mettent en service la mitrailleuse et qu'ils n'arrivent pas à la maîtriser (encore une occasion de dessouder pas mal de gens). Ou encore les attitudes minables des chasseurs de prime. Certainement une volonté de Peckimpah de démythifier les personnages qu'ils soient d'un côté ou de l'autre de la barrière séparant le bien du mal.
Mais comme "Coups de feu dans la Sierra", "la horde sauvage" restera un film profondément moral (par le vide ou par l'élimination radicale)...
C'est un western qui n'est pas sans intérêt en terme de peinture des personnages ou en terme de réalisation. Il est un peu long et surtout comporte quand même des scènes de violence un peu gratuite qui ne me paraissent pas forcément nécessaires à la démonstration.