Des soldats entrent en ville, des enfants s’amusent de la lente agonie de deux scorpions submergés par des fourmis rouges, ils passent un pasteur qui fait son sermon devant un parterre attentif, attachent leur cheveux et rentrent dans la banque. Sur le toit de l’immeuble d’en face, des tireurs se mettent en place. Plus loin dans la rue, une procession menée par le pasteur se rapproche dangereusement. Les rouages d’un massacre annoncé se mettent doucement en place, puis l’inévitable se produit.


Hors-la-loi, innocents, hommes, femmes comment enfants, personne n’est épargné. Les cadavres se font dépouillés de tout bien de valeur, les enfants jouent aux desperados au milieu des morts.
Bim.
On en prend plus dans la gueule pendant cette scène inaugurale que Lisa Ann en 15 ans de carrière.


Après quoi Peckinpah nous fait du Peckinpah. Pas de romantisme mais de la fureur et du sang. Un tête à tête ente deux anciens amis, dorénavant ennemies. Pike et sa horde de hors-la-loi d’un côté et Deke et sa bande de chasseurs de prime de l’autre. Des gueules, le Mexique, ses paysages arides, ses villages pommés, le soleil, les fiestas démesurées, les beuveries, les femmes, Mapache le seigneur de guerre, les fusillades viriles, les attaques de banques, de trains, d’une armée de mexicains, et encore plus de fiestas, de femmes et d’alcool. Le réalisateur livre un portrait sans concession de la société de l’époque, où la violence devient institutionnelle et commanditée par le pouvoir en place.


Une violence viscérale magnifiée par une mise en scène magistrale, des cadrages de cochons et un montage nerveux pendant les scènes de fusillades dantesques qui tranchent avec la beauté et la lenteur de reste du film. Des répliques cultes, des acteurs parfaits, et le génial Warren Oates qui rendrait sympathique la dernière des raclures avec sa ganache et son sourire en coin.


Derrière cette violence se cache surtout une profonde mélancolie chez des hommes vieux et épuisés qui voient disparaître leur monde. Des hommes qui ne sont que les vestiges d’une période révolue, perdus et inadaptés face aux nouveaux codes qui se mettent en place. Les seigneurs de guerres, les desperados, les grands hors-la-loi sont voués à disparaître, remplacés par la loi et l’ordre venant de l’Est.


Alors autant quitter ce monde en apothéose, comme on a toujours vécu, en honorant le code d’honneur qui nous a toujours guidé, plutôt que de se soumettre à cette nouvelle société.


Après tout pourquoi pas ?
Les vrais partent comme ça, en beauté, emportant avec eux une armée de mexicains un lendemain de beuverie, en quittant les bras d’une prostituée.

Clode
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le 6 déc. 2014

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Clode

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