Touchez pas au petit Henri ! Avec ce film Pierre Granier-Deferre propose un western rural où l'on ne jure que par la vengeance. La violence y est omniprésente. On a pas trop de mal à se laisser imprégner de cette violence. Le responsable de tout ça ? Ce monstre de charisme qu'était Jean Gabin. Même si le film est adapté du roman de Michel Lambesc, le rôle d'Auguste Maroilleur semble avoir été écrit spécialement pour Gabin. Le visage fané et la démarche traînante, Gabin promène son regard glacial sur sa famille et sur ses terres. Patriarche ayant toujours tout contrôlé, il n'entend pas s'en laisser imposer par la pègre. Le mutisme imposé à sa famille renforce encore cette impression de toute puissance. Même quand son gendre prend son courage à deux mains pour venir lui parler, il est très vite réexpédié dans sa chambre comme un gosse mal élevé. Malgré un scénario vraiment léger et une mise en scène très conventionnelle, Pierre Granier-Deferre réussit le plus souvent à subjuguer le spectateur en faisant reposer tout son film sur les épaules de Jean Gabin. Les gros plans sont légions et semblent creuser les rides du vieil homme décidé à se battre, même s'il faut pour cela sacrifier du monde. C'est pas du grand cinéma, mais les amateurs de Gabin apprécieront à coup sûr.