« Eh m'sieur Gabin ! M'sieur Gabin !
- Mais arrête de m'appeler Gabin ! Je m'appelle Maroilleur dans ce film !
- Ah désolé mais vu que vous jouez tout le temps le même rôle dans tous vos films, j'ai du mal à faire l'effort...
- Bon. Pas grave... Qui y a-t-il Bien Phu mon fidèle serf ?
- J'ai trouvé de la poudre sur vos terres m'sieur Gabin !
- Quoi de la poudre ?
- Bah de la came. De la horse. De la sniffe v'voyez...
- Ah de la poudre quoi...
-Voilà.
- Bon bah dans ce cas allons la chercher... Poumpoupoupoum... »
Cinq minutes de mise en images stériles plus tard...
« Dis-donc les enfants, j'ai retrouvé de la poudre sur mes terres. Du coup je vous préviens : j'l'ai cramée...
- Ah non m'sieur Gabin ! C'était la mienne ! Je l'avais planquée pour des copains.
PAF !
- D'abord tu m'appelles papy ! Et puis ensuite je fais ce que je veux ! Je suis chez moi sur mes terres ! Je suis le pater !
- Mais les copains ils vont venir et ils vont être vilains !
- J'en ferai mon affaire. Le pater j'ai dis...
- On ne ferait pas mieux d'appeler les gendarmes papounet ?
- Maman a raison m'sieur Gabin.
PAF !
- J'ai dit que je gèrerai ça en pater ! Alors je vais gérer ça en pater ! Vous allez voir la famille ne s'en portera que mieux ! ...Bon allez, c'est pas tout ça mais à la bouffe... Poumpoupoupoum... »
Dix minutes de réalisation fade et sans intérêt plus tard...
« Eh vous là-bas ! C'est vous monsieur Gabin, m'sieur Gabin ?
- Non moi je m'appelle Maroilleur.
- On vient chercher notre poudre.
- Je l'ai cramée.
- Ah bah c'est pas gentil ça. Il va falloir nous rembourser.
- Non.
- Ah bah si. Sinon on va être très méchants.
- Genre quoi ?
- Eh bah genre la première fois on va venir et on va souffler très fort sur votre grange et elle brûlera.
- Même pas peur.
- La deuxième fois on soufflera très fort sur votre fille et elle pleurera.
PAF !
- Essaye un peu pour voir...
- Oh bah si vous le prenez comme ça après on soufflera sur vos vaches et elles mourront ! Au revoir m'sieur Gabin !
- Maroilleur ! Banane !... Poumpoupoupoum... »
Quinze minutes de dialogues affligeants et une grange brûlée plus tard.
« Papounet ils ont quand même brûlé la grange.
- Ouais mais moi j'en ai dessoudé un.
- On va peut-être appeler les gendarmes non ?
- Boarf non. Certainement pas.
- Euh c'est que moi j'ai pas envie de finir violée dans l'histoire m'sieur Gabin...
PAF !
- Toi fais comme ton frère ! Tais-toi ! Les gendarmes ça sait pas protéger la famille ! Moi je sais ! Moi je suis le pater vous allez voir ! Poumpoupoupoum... »
Vingt minutes affligeantes de platitude plus tard.
« Pourquoi tu pleures toi ? J'en ai eu un autre !
- Bah c'est qu'on m'a un peu violée au passage là quand même...
PAF !
- Et alors qu'est-ce que ça change ?! Pour le moment on a lâché ou on n'a pas lâché ?! Elle est protégée la famille là ou pas ?!
- Bah c'est qu'on n'a plus de grange et soeurette n'a plus de c...
PAF !
- C'est moi le pater ! C'est moi qui gère ! Bon allez tout le monde au lit ! Il faut que je refasse des cartouches pour le fusil ! Poumpoupoupoum... »
Une longue demi-heure de plan-plan statique et ennuyeux plus tard...
« Bon... Nom et prénom, m'sieur Gabin.
- Maroilleur... Eum... Maroilleur Jeangabin i'm semble.
- Bon m'sieur Gabin. Les collègues et moi on a constaté que votre grange avait cramé ces derniers temps, que vos vaches avaient été crevées et que votre petite-fille marchait avec deux cannes. Rien d'anormal à signaler ?
- Non m'sieur le gendarme. Tout va bien.
- Et on a retrouvé aussi cinq corps sur vos terres. C'est quand même un peu louche tout ça, non ?
- Alors les corps d'abord ils étaient pas sur mes terres mais sur la route qui traversait mes terres. Nuance.
- Roh mais quelle bagout ! Quelle assurance ! On voit bien qu'on vous coincera pas.
- Eh non... Allez ciao. Poumpoupoupoum... »
Au bout d'une heure et vingt minutes, le film est déjà à bout de souffle et conclut autour d'un bon banquet familial.
« Alors elle était pas mieux ma solution au final ?
- Euh... Et en quoi elle serait mieux m'si... Enfin j'veux dire papa ?
- Eh bah au final j'ai su protéger la famille tout seul ! Hein ? C'est pas ces flicaillons à deux balles qui me l'auraient protégée comme moi j'te l'ai protégée la famille hein ?!
- Euh papounet... La ferme est partie en cendres, on n'a plus de troupeau et j'ai dû encore empêcher ma gosse violée de se tailler les veines hier.
- Roh mais de quoi tu me parles ?! C'qui compte les filles c'est que le petit il soit pas allé en taule et que maintenant il file droit ! Hein ?! C'est pas une belle morale ça ?! Une ode au pater réac et borné ! Ça valait le coup hein ?! »
Ah ça c'est sûr que c'était du sacré cinéma...
De la tisane rance comme ça, j'en redemande vraiment ma dose tous les soirs...