Comme première incursion dans les œuvres de Papa Garrel je ne pense pas avoir fait plus mauvais choix que ce film.
Sobrement titré, sobrement filmé, La Jalousie, est un brouillon d’œuvre réaliste digne d'un élève de la Fémis en manque d'inspiration et de talent où le choix esthétique et diégétique du monochrome se révèle être pour moi d'une inutilité totale.
On se retrouve face à une immense coquille vide où les sentiments ne se cristallisent pas, comble pour un film qui a prétention d'analyser ou à la limite de dépeindre une émotion. Le couple Louis (Garrel fils) et Claudia (Anna Mouglalis) ne m'a pas fait marcher une seule seconde. A qui la faute? A une écriture et une direction catastrophique ou à un jeu d'acteur peu convainquant? Des deux! Alors certes on sent la volonté de ne pas nous noyer sous un flot narratif imposant, et de nous laisser découvrir les personnages au gré de quelques fragments de leurs existences, c'est louable mais là c'est raté.
Rien ne ressort de ce film, si ce n'est un ennui qu'on accoise gentiment en se disant que le film ne dure qu'1h10. Oh je suis de mauvais foi, certains passages sont bien dignes d'un burlesque ubuesque comme la scène du bar (les jaloux tenteront de justifier son absurdité, mais en vain). La vacuité des dialogues est ce qui pèse le plus dans l'échec du film peut-être, subséquemment de l'inintérêt des éléments scéniques. La tentative d’intellectualiser le tout échoue, Sénèque et MaÏakovski (Godard n'est pas loin) en porte-à-faux, manquerait plus qu'une gamine se mette à réciter une fable de Prévert! C'est fait!
A cela, il est nécessaire d'ajouter ce qui confère à ce film une véritable valeur ajoutée (ironie) la musique composée pour l'occasion. Le sage et vénérable Jean-Louis Aubert (là l'ironie est cinglante) nous délivre sa cover de Big Jet Planes au piano puis à la guitare sèche on le remercie pour ce plagiat qui passe inaperçu vu l'inutilité de ces agressions pour le film. Ceci me fait penser à l'usage si particulier de la musique dans le cinéma d'auteur français (j'emprunte ce terme car certains cinéastes s'y apparentent). Alors certes je comprends le souci d'une utilisation intempestive d'une bande musicale dans des œuvres qui se veulent réalistes ( l'hyperréalisme italien, la Nouvelle Vague... ont posé des jalons respectables), mais là c'est du foutage de gueule, on laisse un rossard de la chanson française s'amuser dans son studio et on balance ça dans un film au cas où le silence éternel des espaces infinis nous effrayerait, manque de bol on l'aurait préféré.