Torök, réalisateur Hongrois présente ici un film en noir et blanc, narrant le retour de deux Juifs en 1945, au fin fond de la Hongrie, dans un village ou le retour n’est pas réellement souhaité.
Contemplatif, lent, le film fait penser par son pitch original aux tourments classiques du cinéma Hongrois. On imagine ici Le fils de Saul, revisité par le traitement de Haneke.
Rapidement, cependant, on voit que le retour des deux juifs n’est qu’un prétexte et que, s’ils sont le centre de l’histoire, le film va plutôt s’épancher sur les côtés de l’histoire. C’est ici plus un film sur la culpabilité des vainqueurs, l’angoisse des collabos, qui à la fois l’ont tous fait, mais sentent que l’arrivée des communistes fait que ceux qui l’ont un peu trop fait risquent gros, plus que le maintien de la propriété des biens spoliés.
Le sujet du film en devient donc encore plus intéressant.
Hélas, avec ses plans longs, ses bruits de fond, sa musique répétitive, il rate sa cible poétique et tout en retenue pour devenir presque un pastiche de ce que l’on dénonce dans le « film pour intellos parisien qui va voir des trucs chiants et incompréhensible », presque à y voir un « Il faisait froid, je n’avais plus de chaussette ». Tout est présenté comme dramatique, pesant, mais jamais réellement touchant dans le fond.
En résumé, il est vraiment dommage que ce film n’ait pas réussi à faire ce que Phillipe Claudel et Manu Larcenet ont pu transcender par livre et BD, cette peur de l’étranger qui révèle les fêlures d’une communauté.