En 1943, un jeune garçon est déchiré entre son obéissance à son père, policier consciencieux, et son affection pour son voisin, peintre considéré comme "dégénéré' par les nazis. Christian Schwochow figure sans aucun doute parmi les réalisateurs allemands les plus passionnants (De l'autre côté du mur, Paula). Et ambitieux, aussi, comme le montre son adaptation d'un roman de Siegfried Lenz, d'une ampleur impressionnante et parfois d'une complexité psychologique difficile à appréhender. Sa structure en plusieurs longs flashbacks n'est peut-être pas idéale pour saisir toutes les finesses d'un film situé sur la côte de la Mer du Nord, un environnement spectaculaire qui donne un caractère presque intemporel à cette illustration puissante du pouvoir toxique des forces d'oppression quand elles s'attaquent à la soi disant peinture "malade" des artistes interdits sous le 3ème Reich. La leçon d'allemand est à la fois un récit familial, une réflexion sur le sens du devoir jusqu'à l'aveuglement et un regard sur l'art comme symbole de résistance. Autant de thèmes qui se répondent dans une oeuvre presque trop riche pour une première vision.