La légende de Beowulf est une légende nordique très ancienne, on la date du VIIIe siècle de notre ère. Cet univers riche a inspiré, entre autres Tolkien qui y a puisé de nombreux éléments pour sa terre du milieu.
Cette réalisation de Robert Zemeckis suit la trame narrative du texte tout en l’interprétant librement. Beowulf est un héros complexe et ambigu. Il n’est héros que parce qu’il succombe, il est célébré pour avoir vaincu le démon Grendel ainsi que sa mère. Une victoire qui cache une défaite fondamentale cachée aux yeux des hommes mais que Beowulf devenu riche et puissant portera en lui comme une souffrance qui le tenaille. Lui sait, qu’il n’est pas le héros que l’on célèbre. Il est réduit au silence quand il tente de dire la vérité, les hommes ont besoin de héros, ils ne veulent pas que soit écornée la représentation qu’ils en ont.
La Légende Beowulf, c’est finalement l’histoire d’une malédiction qui ne cesse de se renouveler, une histoire sombre qui laisse peu de place à l’espoir malgré les prouesses guerrières et spectaculaires des héros. Cette histoire ne nous dit-elle pas que la véritable victoire est d’un autre ordre, cachée aux yeux des hommes, elle se remporte dans la profondeur invisible de la conscience et du cœur humain. Seuls les plus lucides comme la reine Wealtheow savent ce qu’il en est réellement…
La Légende Beowulf a été tourné en performance capture, un procédé très bien adapté à ce récit légendaire. En effet, la performance capture donne une ambiance irréelle. Ce qui nous est montré est à la fois vrai (les acteurs ont joué) et c’est à la fois transformé (par le numérique). Comme les légendes qui reposent sur des faits réels mais qui ont été enjolivés et transformés, comme l’histoire de Beowulf, ce héros vaincu qui apparaît vainqueur.
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Critique réécrite en décembre 2023