Des films sur la légende de l'ouest Jesse James, il y en a eu des tas, des bons comme des moins bons. Réalisé par Philip Kaufman en 1972, The Great Northfield Minnesota Raid semble un peu à part, car s'attardant davantage sur son complice Cole Younger.
D'une durée plutôt courte (à peine une heure et demie), le western de Philip Kaufman s'impose donc une limite de temps et de lieux, revenant essentiellement sur les derniers jours de Cole Younger, juste avant que Jesse James ne parte former une nouvelle bande. Relatant la confrontation entre un Younger bon vivant et un Jesse James plus froid et calculateur, The Great Northfield Minnesota Raid prend le parti de désacraliser totalement les légendes de l'époque, montrant le célèbre desperado sous un jour peu flatteur, à l'image de son frangin Frank James, mouton bas du front et ne jurant que sur la Bible.
Pur produit du Nouvel Hollywood, The Great Northfield Minnesota Raid risque fortement de décontenancer le spectateur, de par son rythme casse-gueule et ses parti-pris en général. Reculant l'action jusqu'à un braquage final percutant, Philip Kaufman pare son récit d'un étrange ton décalé, presque rigolard, tout en s'abandonnant à une profonde mélancolie. Des ruptures de ton parfois bancales mais qui participent à l'identité unique d'un film malaimé.
Bénéficiant d'une photographie à l'ancienne parfaitement dans le ton et surtout de l'interprétation impeccable de Cliff Robertson et de Robert Duvall, The Great Northfield Minnesota Raid est un western atypique et difficile à aborder, mais c'est justement ce qui fait tout son intérêt, intéressante alternative à la violence exacerbée d'un Peckinpah ou d'un Leone.