Le réalisateur mexicain Jorge R. Gutierrez signe avec La Légende de Manolo, son premier long métrage. Un conte de fée visuellement bluffant aux faux airs de tragédie grecque. Manolo se doit de devenir un torero. Son père, son grand-père, ses aïeux, bref, toute sa famille combat le taureau depuis des générations. Pourtant, malgré le poids qui pèse sur ses épaules, d’honorer la tradition, Manolo n’a qu’un rêve dans la vie : jouer de la guitare. Et s’il y a bien une personne pour laquelle le jeune homme est prêt à suivre sa voie, c’est la belle Maria dont il est éperdument amoureux. Seulement, les yeux noisette et la longue chevelure de cette fille font également chavirer le cœur de Joaquin, le fils d’un général tombé au combat et, accessoirement, le meilleur ami de Manolo. Témoins de cette situation complexe, la gentille déesse La Muerte et le terrifiant Xibalba parient l’avenir du royaume des morts (qu’ils se partagent) sur le nom du garçon qui parviendra à épouser Maria. La Muerte mise sur Manolo, tandis que Xibalba fait reposer ses espoirs sur Joaquin. Le film emmène ensuite le spectateur à la découverte du monde des vivants puis des morts, univers hauts en couleurs, peuplés de personnages plus intéressants les uns que les autres.
Guttierez livre ici un conte féerique porté par une esthétique splendide, imprégnée du folklore mexicain (si peu exploité dans les films d’animation). Le réalisateur n’a pas hésité à s’inspirer du mythe d’Orphée et d’Eurydice tout en saupoudrant son œuvre d’un nombre impressionnant de références à la culture populaire. Une poétique réussite qui vous fera vivre un moment chargé d’émotions, face à des images soignées et toutes particulières. A découvrir absolument.