S'étant fait chiper le Golden Globes 2015 par Dragons 2, La Légende de Manolo, plus connu sous son titre original The Book of Life, s'avère être finalement le plus original, mignon et audacieux film d'animation de l'année 2014. Et sans aucun doute le plus méritant et réussi, bien devant cet épisode de la saga de chatons ailés et homosexuels.
Injustement dépourvu de toute récompense, le premier long-métrage de Jorge R. Gutierrez est avant tout remarquable par son originalité. Étant lui-même peintre, scénariste et animateur, on peut dire que sa patte se fait très vite ressentir pour son premier bébé. Derrière cet esthétisme fantaisiste se cache un scénario ambitieux qui laisse place à un dessin-animé appréciable par tout public en vue de la réflexion qu'il propose.
Si The Book of Life est avant tout très mignon, et que ses meilleures scènes se situent lors de la compétition entre notre héros et son ami pour conquérir la belle Maria, suite au défi mexicains lors de la fête des morts, c'est que par la suite qu'on se rend compte qu'on assiste à une œuvre relativement mature, à la morale bienvenue.
Si le début peine à convaincre avec cette romance qui ne demande qu'à venir, lorsque elle arrive à point avec la belle Maria, la festivité mexicaine prend toute sa saveur aux rythmes de la guitare et du chant de Monolo, qui chante l'amour de façon à faire jalouser Disney. Bien qu'il se doit de tuer le taureau en corrida comme le veut la tradition familiale. De l'autre côté, il y a son ami Joaquin qui rêve également de séduire la belle en suivant les traces de son père en devenant l'homme fort du village, qui apporte la compétitivité et donc l'action même du film.
Sous ses airs folkloriques, The Book of Life encourage avant tout à être soi-même, tout en s'appuyant sur le respect familial. Et si la morale est très bien emmenée, et que le film s'avère être très cohérent dans sa démarche moralisatrice, abouti et une réussite indéniable, on peut tout de même regretter des premières minutes qui screugneugneurisent et une dernière partie où on peut chipoter avec ces passages qui abordent la mort. En effet, le pacte entre le seul non-moustachu Manolo et notre diable mexicain semble sortir de nul part, d'autant plus qu'il est incohérent sachant qu'il devait «revoir la belle». M'enfin ceci n'étant pas trop dérangeant surtout quand on voit la fin, certes rigolotes et dynamique, mais dont l'action est digne de mon insupportable Dragons 2 avec ce côté héroïque mièvre et à l'action enfantine qui décrédibilise nos vilains barbares qui laissaient aux spectateurs une attente de domination guerrière redoutable, sans parler de la scène précédente avec les nombreux taureaux à abattre : trop abusé, trop perdu d'avance bien que trop réussi facilement comme c'est malheureusement trop attendu.
Mis à part ceci, on ne peut que souligner le résultat esthétique et l'imagination des créateurs pour ces univers parallèles étonnants et colorés. The Book of Life propose même un univers fantastique à l'ambiance ultra-décontracté, bien que le sujet puisse être difficile, mais il se regarde de façon extrêmement divertissante à tel point qu'il puisse se regarder à multiples reprises sans qu'il perde la moindre de ses saveurs épicées.
En concurrence direct avec Her pour le film le plus moustachu de l'année, ce dessin-animé pimenté se révèle être extrêmement frais dans le paysage de l'animation, et à le don de mettre de bonne humeur en plus de nous faire prendre conscience qu'il est bon d'agir comme bon nous semble ! Qu'il en faut peu pour être heureux, qu'il faut se satisfaire du nécessaire ! Un peu d'eau fraîche et… une bonne femme sexy et cultivée aux cheveux longs, qui aime la lecture et pratique le kung-fu… bref une bête de femme au lit contorsionniste. (Loin d'une femme bête, qu'on tord ou encore moins sioniste...)