Cinéma et politique font-ils bon ménage ?

En guise d'introduction, ma conclusion
Une production quasi nulle d'un point de vue artistique.
Mais une oeuvre indispensable pour comprendre l'environnement culturel des soviétiques dans l'entre deux-guerres.


Explication de texte du parti pris politique
Le film est tourné en 1929. Comme Le Cuirassé Potemkine, il porte un regard bienveillant sur la révolution russe.
Et donc juge sévèrement les pouvoirs historiquement en place à l'aube du XXème siècle.
- Dans le Cuirassé, le pouvoir du Tsar et l'armée à sa botte, les bourgeois et les juifs.
- Ici les Koulaks, ces (riches) propriétaires terriens devenus synonymes d'exploiteurs du petit peuple.
Dans son oeuvre majeure sur les événements de 1905, Eisenstein met surtout en scène les événements historiques.
Ici la narration met évidemment en valeur cette lutte d'émancipation paysanne :
- les koulaks sont gras, joufflus, imbus d'eux mêmes, malveillants ;
- les pauvres paysans sont solidaires entre eux, courageux.


Film de propagande
D'ailleurs la seconde moitié du film n'est qu'un long et insipide documentaire idéologique sur les bienfaits de la révolution agraire.
- Usines et silos qui jaillissent de terre
- Danses de paysans souriants, du foin abondant ou de train de tracteurs
- Musique fonctionnelle l'orgue (quasi électro) pour glorifier le tout.
- Textes au ras du sol : "Ensemble avec l'industrie", "Vive la terre !"...
etc. etc.


Arrêt sur image
Dans leur quête du bonheur, un passage du film est révélateur : la mise en oeuvre d'une machine laitière dans le kolkhoze.
A ce moment du film, nous sommes encore dans une oeuvre artistique.
On y retrouve Chiffres scandés à l'écran comme la promesse de richesse et sourires édentés enthousiastes comme signe d'une béatitude pauvre et digne.
Surtout, Eisenstein y refonde le culte du héros. Le "rags to riches communiste" y met en valeur la vertueuse et intelligente Marfa.
Qui comme un symbole porte le même prénom à la scène comme à la ville.


Clair Obscur
Il n'en faut pas oublier pour autant la qualitative réalisation en noir et blanc.
A quelques années près, Nosferatu ou le Cabinet du docteur Caligari ont une mise au point diablement moins bien aboutie.
Rapidité des progrès techniques peut-être.
Habilité du réalisateur pour valoriser les visages ou les travaux (en gros plan, ou contre champs, ses techniques favorites).


En résumé et comme un symbole, rappelons nous la citation de Lénine
"Il faut vous rappeler que de tous les arts, l’art cinématographique est pour nous le plus important".
Cinéma de talent peut-être, propagande à coup sûr.


En conclusion : évaluer le film revient à évaluer une oeuvre religieuse.
Une production quasi nulle d'un point de vue artistique.
Mais une oeuvre indispensable pour comprendre l'environnement culturel des soviétiques dans l'entre deux-guerres.

Raider55
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le 28 août 2021

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