Après l'échec commercial de Days of Heaven, Terrence Malick annonce prendre une année sabbatique avant de revenir au cinéma. Son absence durera vingt ans et son retour se concrétisera par un des plus grands films de l'histoire du 7e art : The Thin Red Line. Ça, c'est pour la légende.
Dieu seul sait ce qu'a fait son plus fidèle disciple pendant ces deux décennies, mais on peut tous dire que ça valait le coup. Malick adapte ici un roman autobiographique d'un soldat américain racontant sa bataille de Guadalcanal, en 1942. Si les mots "soldat américain" et "Guadalcanal" ne vous disent rien, vous ne serez pas surpris par le film puisque vous ne vous attendrez pas à un film de guerre. Enfin, vous seriez surtout sacrément incultes. Pour les autres, laissez vous cueillir comme un fruit trop mur. Car guerre il y a, mais loin, si loin du coeur meme du film.
Le cinéaste américain est réputé pour son œuvre contemplative, ses problématiques tournant autour de l'amour, de la nature... de l'essence meme de la vie. Il convoque ici un casting impressionnant, dont pas un seul membre n'est pas sublime, pour dépeindre de nombreuses facettes de l'homme face à l'horreur. Mais à la différence d'un également très grand Apocalypse Now, l'Homme n'horrifie pas, ne succombe pas à la folie. Malick nous offre une vision aussi naïve qu' époustouflante de son humanisme. Ses envolées lyriques s'échappent du champ de bataille et se réfugient dans le coeur chaud de la passion, dans les rivages chatoyants d'une terre vierge et souillée à la fois ou dans l'esprit soudain extra-lucide d'un soldat.
J'ai beau vouloir parler des défauts du film, j'ai beau savoir qu'ils existent et j'ai beau l'avoir maté quatre fois, je suis tout simplement incapable d'émettre une critique contre un infime pan de l'œuvre, parce que je ne me souviens tout simplement pas avoir tiqué à un moment, m'être dit "Tiens il est foireux ce passage !".
,
Alors pour donner une impression d'impartialité, je vais recopier ce que j'ai lu ça et là et que je ne peux que qualifier de bullshit :
- philosophie prétentieuse mais vide
- somnifère sur pellicule
- réalisation médiocre
- branlette intellectuelle, sisi la famille
- ouiiiiin George Clooney n'apparait que trente secondes
- les plantes et les arbres ont presque plus d'humanité que les personnages.
Lecteur, cher lecteur, si tu es d'accord avec au moins une seule de ces punchlines ci-dessus, permets moi de te dire que tu es un abruti. Mais bon, tu peux rester. Laisse moi éveiller ton esprit.
La Ligne Rouge n'est pas un "film à message", c'est un message. Il parle à votre âme, à votre coeur. Vous pouvez ne pas trouver ça beau, mais c'est très triste. Parce que ce film est la définition même d'une œuvre d'art, qui prend ses racines dans la noirceur du monde pour grandir en s'élevant vers la lumière avant de fleurir en de multiples instants de grâce (vous remarquerez ma métaphore de l'arbre, alleeeez Terrence moi aussi je suis un poète). Tous les éléments techniques se conjuguent, la caméra habitée de Malick semble flotter dans des paysages à la photo parfaite, le score de Zimmer épouse tantôt le calme de la nature, la simplicité des peuples mélanésiens ou la grandiloquence des champs de bataille, la voix viscérale de Sean Penn contraste avec celle plus aigue de Caveziel et oui putain oui, George Clooney ne joue que trente secondes, et alors ?