Incontestablement l'un de mes 10 films préférés au monde. J'ai découvert ce film quand j'avais 12 ans à une époque où ma culture ciné se limitait encore à Disney, George Lucas, Steven Spielberg et Peter Jackson.
Bref, quoiqu'il en soit, les années passent et rien à faire, plus je revois "La ligne rouge", plus je reste encore et toujours admiratif face cette oeuvre fascinante et époustouflante, véritable poème réflexif, visuel et philosophique.
"La ligne rouge" est un film SUR la guerre et non pas DE guerre. Ici, la psychologie et les interrogations existentielles des nombreux protagonistes l'emportent aisément sur les combats ou les batailles. Le talentueux et rarissime Terrence Malick s'interroge sur l'humain, sur ce qu'est véritablement un soldat, quelle est sa place sur terre ?, est-il un homme comme les autres ?.
Pour répondre à ses différentes questions, Malick utilise avec aisance et maestria le procédé de la "voix-off" multiple; autrement dit, nous n'entendons pas les pensées d'un seul et unique personnage mais bien de tout (ou presque) un bataillon de soldats, ou plutôt d'hommes en proie à une violence et un monde qu'ils ne comprennent plus.
On retrouve également le thème de la nature en tant que témoin, thème cher au cinéaste depuis ses débuts ("La ballade sauvage", "Les moissons du ciel"). Les arbres, l'herbe, les feuilles, l'eau sont les témoins muets de tout cet enfer sauvage et sanglant que se livrent des hommes de mentalités et de races différentes (américains contre japonais). Mais qu'on ne s'y trompe pas, "La ligne rouge" n'est en aucun cas un film manichéen et encore moins patriotique. Ici, il n'y a ni bons ni méchants, ce sont tous des hommes en proie à la réflexion, à la qualité de leurs choix, à leurs tourments. Chaque soldat semble symboliser une qualité ou un défaut de personnalité. Sur ce plan-là, le casting est irréprochable.
Nick Nolte en vieux colonel stratégique et très peu pédagogue s'opposant à Elias Koteas en capitaine humaniste et plus soucieux du bien-être de ses hommes, Sean Penn en sergent cynique et lucide face à Jim Caviezel en soldat idéaliste et déserteur; autant de portraits d'hommes en opposition confronté à un même enfer.
Ce coté philosophique et solennel (dans le bon sens du terme) ne néglige pourtant pas la violence des combats, par ailleurs très bien réalisés, réalistes, brutaux et furieux qui viennent aini s'opposer au calme apparent de la végétation luxueuse et paradisiaque peuplé d'indigènes noirs. Ces décors sont par ailleurs superbes, Malick n'a pas son pareil pour filmer la nature dans ce qu'elle a de plus beau st plus sombre à la fois. Par ailleurs, les chants mélanésiens mêlés à la partition lancinante et profonde de Hans Zimmer sont superbes.
Bref, "La ligne rouge" est très clairement pour moi un chef d'oeuvre absolu du cinéma. Certains pourront certes reprocher à Terrence Malick une certaine lenteur, voir même une vision du monde un peu trop proche de la religion mais ce n'est pas ce qui importe le plus ici. Malick réalise un film SUR la guerre, sur les hommes en eux-même, sur leur perception de la vie, le tout en faisant la part belle à une mise en scène éblouissante de maîtrise technique (que ce soit dans les combats ou dans dans les plans de la nature) et des acteurs au diapason.