Frank Darabont : je n'ai vu que deux films de ce cinéaste et, pour moi, sans aucun doute, deux chefs d'œuvre : "Les évadés" et "La ligne verte".
De Frank Darabont, que dire sinon que je lis sur Wikipédia, avec surprise, qu'il est né en France, en 1959, à Montbéliard dans un camp de réfugiés hongrois avant que sa famille émigre aux USA … Singulier destin !
Je n'ai pas encore fait la critique des "évadés" et viens juste de revoir "la ligne verte". Je n'avais pas conservé un grand souvenir de mon premier visionnage de ce film sorti en 1999.
Disons tout de suite mon impression générale : j'ai suivi, subjugué, ce film, captivant, comme un conte, dans un univers carcéral, avec des personnages bons et d'autres méchants, sans me rendre compte du temps qui passait car le film dure quand même trois heures.
Alors que dans "les évadés", on observe le pénitencier à travers le regard des prisonniers, dans "la ligne verte", c'est le contraire, on se place du côté des gardiens…
La grande particularité du scénario, tiré d'un roman de Stephen King que je ne connais pas, c'est que l'action se passe dans le quartier des condamnés à mort d'un pénitencier en Louisiane dans les années 1930. Il ne s'agit pas, à mon sens, d'un film ou d'un pamphlet pour ou contre la peine de mort. Ce n'est pas le sujet dans ces années-là. Et ce n'est pas le sujet du film.
Non, c'est le regard d'une vie au jour le jour des gardiens face à ces prisonniers, condamnés pour des crimes le plus souvent odieux, dont les jours sont désormais comptés. Parmi les gardiens, la plupart, dont le gardien-chef Paul, tentent de vivre au mieux avec la fatale échéance où ils devront "tuer" avec le souci que cela soit rapide. Cette vie en vase clos est régulièrement perturbée par un jeune gardien, Percy, qui est un véritable pervers, lâche et sadique, que les collègues ne parviennent pas à faire virer car protégé en haut-lieu.
Du côté des prisonniers, arrive au pénitencier en début de film, John Coffey, un colosse noir impressionnant, condamné pour des crimes atroces sur des petites filles. Cependant, on découvre peu à peu chez lui, outre la candeur d'un enfant de 5 ans, d'étranges pouvoirs fantastiques. Le gardien-chef Paul est de plus en plus troublé par ce grand bonhomme, plein d'innocence et de bienveillance, pas très cohérent avec les crimes dont on l'accuse et dont il n'a pas su ou pu se défendre.
Il peut paraître étrange de qualifier les personnages du gardien-chef Paul ou du prisonnier John Coffey d'humanistes. Et pourtant, même si Paul a pour job sinistre et officiel d'ordonner l'exécution sur la chaise électrique, je n'hésite pas à le qualifier d'humaniste pour son comportement face aux prisonniers pour lesquels il dégage une réelle empathie. Quant au prisonnier John Coffey, malgré la réputation de brutalité qui l'accompagne, sa bienveillance face à la souffrance d'autrui crève l'écran.
Côté casting, c'est Tom Hanks qui joue le rôle de Paul et il est très bon. Comme bien souvent, d'ailleurs. Le rôle de John Coffey est assuré par Michael Clarke Duncan. C'est un acteur que je ne crois pas avoir déjà croisé. Ici, il est extraordinaire et très émouvant. Il est parfaitement servi et rendu très convaincant dans la mise en scène de Darabont et par les trucages de qualité lors des scènes fantastiques.
Plusieurs acteurs connus jalonnent le film parfois dans des rôles assez courts comme Harry Dean Stanton, Gary Sinise ou Sam Rockwell (dans le rôle d'un prisonnier très violent)
Au final, c'est un film dur et sans concession, qui se passe dans un univers en principe complètement déshumanisé, avec des scènes brutales qu'il s'agisse des exécutions ou à cause du comportement de certains. Mais c'est un film avec des moments absolument magiques qui laissent beaucoup espérer des hommes.
J'ai déjà commandé le livre de Stephen King pour poursuivre cette aventure que j'imagine d'ores et déjà palpitante.