La loi de Téhéran, c'est un peu Bac Nord en bien.
Le film de Saeed Roustayi tire sa force de son rythme effréné et de son ambigüité. Si on commence bien par suivre les policiers, à s'intéresser à leurs intrigues internes, promotion, vie familiale, etc, on comprend bien vite qu'ils ne sont pas tout blanc. Et c'est là que le film va basculer son point de vue et opter pour celui du trafiquant de drogue. C'est un choix payant puisque c'est finalement c'est lui qui est le plus beau personnage du film. Il a beau être un véritable enfoiré, on se retrouve à avoir plus d'empathie pour lui que pour les policiers. Les séquences "émotions" du film sont centrés sur lui, sur ses états d'âme.
Pour le dire simplement, Saeed Roustayi a réussi à faire de son méchant un beau personnage tragique. Rien n'excuse ce qu'il a fait et pourtant il est terriblement humain. On est loin des clichés des narcotrafiquants des films avec des méchants très méchants totalement unilatéraux. Disons qu'on a une écriture qui rend véritablement hommage au personnage, en en faisant un être humain avec des faiblesses, des motivations qui sont compréhensibles par le spectateur.
Donc rien que pour ça le film est réussi, c'est tellement rare dans ce genre de film d'avoir un antagoniste aussi réussi et crédible.
Et de manière générale, le film est crédible, le film ne ralentit jamais, les arrestations s'enchaînent, les interrogatoires se succèdent, sans qu'on sache d'ailleurs trop combien de temps s'est écoulé entre chaque scène (c'est peut-être le défaut du film, le manque d'indicateurs temporels). On est happé par la frénésie de ce qui se passe à l'écran. La caméra à l'épaule va renforcer ce côté pris sur le vif et dynamique.
Ce qui fait qu'à l'arrivée on a un film vraiment prenant grâce à sa mise en scène efficace et qui arrive à sortir des sentiers battus grâce à ses qualités d'écriture des personnages.