L'Iran est un pays où consommer de la drogue est passible de la peine de mort. Pourtant, avec 6,5 millions de consommateurs, ça n'arrête pas les trafiquants, dont un flic joué par Payman Maadi va arrêter un des chefs de ce trafic.


Le mot qui sort en finissant ce film est un Waouh d'admiration, car du haut de ses 29 ans (au moment du tournage), son réalisateur, Saeed Roustaee, livre non seulement quelque chose de très fort, mais qui pourrait être le French Connection des années 2010. D'ailleurs, ça n'est pas pour rien que William Friedkin y chante les louanges, car on peut voir dans le personnage coriace, obstiné, dont la carrière chez les flics a détruit son couple, formidablement joué par Payman Maadi, quelque chose évoquant Gene Hackman dans la puissance du jeu, n'hésitant pas lui non plus à flirter avec la ligne jaune pourvu qu'il obtienne ce qu'il veut. Face à lui, le trafiquant joué par Navid Mohammadzadeh, est montré au départ comme un mur, s'opposant toujours au flic, mais dont les craquèlements vont devenir visibles au fur et à mesure que sa famille va intervenir.
Le film est avant tout basé sur le dialogue et la mise en scène, car l'action y est assez rare si on excepte une poursuite à pied excellemment bien filmée, et qui finira très mal pour un des dealers. L'image est également une des grandes forces de La loi de Teheran, car on voit que le réalisateur aime filmer des plans larges, notamment celui marquant où des consommateurs de drogues se cachent dans des fondations, puis courent comme des lapins à l'annonce de l'arrivée de la police. Tout comme le traitement presque indigne des prisonniers qui sont parqués par dizaines dans des petites cellules en attendant leur jugement.


En tout, je sais que certaines scènes resteront dans ma mémoire à l'image du destin du personnage joué par Navid Mohammadzadeh, et s'il utilise des faits réels pour dénoncer, en tout cas montrer un état de fait, à savoir 6,5 (titre original) millions de consommateurs, le réalisateur sait tenir une caméra et créer de la tension à base de dialogues nerveux.
En tout cas, ce Saeed Roustayi a un parcours tout tracé pour une carrière internationale, car le film a été un grand succès dans son pays et a été salué dans divers festivals, et ça n'est que mérité.

Boubakar
8
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le 8 mars 2022

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Boubakar

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