Il ne l'a pas volé, son prix d'interprétation, le grand Vincent.
Son discours, à la remise de ce prix, m'avait filé des frissons et les larmes aux yeux : on y voyait déborder la sincérité, l'authenticité et la modestie de cet immense acteur qui me bouleverse à chacune de ses apparitions.


Son rôle (mais en est-il vraiment un ?) de Thierry lui colle tant à la peau qu'on le dirait cousu sur lui. Ce film (mais en est-il vraiment un quand on sait que la plupart des acteurs sont non-professionnels?) ressemble fort à un documentaire, dans le réalisme social qu'il décrit et dans son absence totale de chichis, sa complète sobriété esthétique.


Stéphane Brizé ne donne jamais dans la légèreté, le discours vide, ses films portent à chaque fois de puissants messages sociétaux, familiaux - humains. Qu'il s'attache au lent déploiement du sentiment amoureux (Je ne suis pas là pour être aimé), aux relations filiales face à la maladie (Quelques heures de printemps, que je dois absolument voir) ou, ici à cette machine à broyer des individus en difficulté que représente parfois l'entreprise et son ambiance de suspicion généralisée : chaque fois, il livre des instants d'humanité prodigieux et d'une justesse incomparable.


J'aime cette caméra qui tremble un peu, cette façon de filmer Lindon de profil ou légèrement en arrière de lui, pour mieux cerner la direction de son regard - gêné, pudique, tendre ... Mention spéciale à la scène de l'entretien sur Skype et à celle de la formation en groupe, où Thierry essuie les commentaires désobligeants des autres, qu'il accueille avec une douceur triste et résignée qui moi, m'a énormément touchée (et fait beaucoup de peine).


Partout, on sent l'empathie immense de ce réalisateur pour les acteurs qu'il fait tourner : c'est sans doute là la très belle vérité de ce cinéma social totalement renversant.

BrunePlatine
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à sa liste Chocs cinématographiques [2015]

Créée

le 10 déc. 2015

Critique lue 612 fois

14 j'aime

7 commentaires

Critique lue 612 fois

14
7

D'autres avis sur La Loi du marché

La Loi du marché
guyness
2

Le diable s’habille en pravda

Le diable se niche dans les détails. Le film de Stéphane Brizé est une somme de détails, épars et étirés jusqu’à la rupture (de cohérence narrative, mais aussi celle de la patience de votre...

le 31 mai 2015

77 j'aime

52

La Loi du marché
mymp
5

Thierry Wimmer

Recette du parfait mijoté de social (à la française) accompagné de sa sauce aigre. Pour commencer, prenez un fait de société qui a du sens, dans l’air du temps, un truc important sur la société...

Par

le 24 mai 2015

58 j'aime

9

La Loi du marché
Grard-Rocher
7

Critique de La Loi du marché par Gérard Rocher La Fête de l'Art

La famille Tabourdeau vivait "correctement" malgré l'infirmité de leur fils mais un beau jour Thierry le mari perd son emploi. La situation financière se dégrade très vite d'autant plus qu'à...

44 j'aime

25

Du même critique

Enter the Void
BrunePlatine
9

Ashes to ashes

Voilà un film qui divise, auquel vous avez mis entre 1 et 10. On ne peut pas faire plus extrême ! Rien de plus normal, il constitue une proposition de cinéma très singulière à laquelle on peut...

le 5 déc. 2015

80 j'aime

11

Mad Max - Fury Road
BrunePlatine
10

Hot wheels

Des mois que j'attends ça, que j'attends cette énorme claque dont j'avais pressenti la force dès début mai, dès que j'avais entraperçu un bout du trailer sur Youtube, j'avais bien vu que ce film...

le 17 déc. 2015

77 j'aime

25

Soumission
BrunePlatine
8

Islamophobe ? Vraiment ? L'avez-vous lu ?

A entendre les différentes critiques - de Manuel Valls à Ali Baddou - concernant le dernier Houellebecq, on s'attend à lire un brûlot fasciste, commis à la solde du Front national. Après avoir...

le 23 janv. 2015

71 j'aime

27