Comme beaucoup de gens, la carrière de Lucio Fulci se ramenait pour moi pendant un long temps à ses films extrêmement gores de la fin des années 70, début 80 comme Frayeurs ou L'Au-delà.
Et ce n'est donc que récemment que j'ai commencé à m'apercevoir que Fulci avait eu une vie avant, quand il n'était pas encore surnommé le "maître du gore macabre" en découvrant Le venin de la peur (1971) en début d'année et dernièrement donc, cette Longue nuit de l'exorcisme (1972)...
...qui n'a d'ailleurs aucun exorcisme dans son histoire qu'on se le dise. Merci les distributeurs français qui, suite au succès de L'exorcisme de William Friedkin, décide de renommer le titre pour que ça passe mieux (daté de 72, il ne sort qu'en 1978 en France !) et probablement cacher le titre original qui, même dans sa traduction anglaise, dévoile un élément de l'intrigue. On est pas gâtés.
En revanche il y a un peu de "magie noire" abordé avec ce personnage de femme plus paumée qu'autre chose, ermite du village et parfait bouc émissaire pour la vengeance des villageois dans le jeu de fausses pistes laissé par l'assassin en série des enfants qui perturbe autant la police déboussolée qu'un journaliste de passage. D'où une scène hallucinante de violence qui marque encore aujourd'hui par sa radicalité des plus frontale : à la fois horrible et pourtant terriblement boulversante à démontrer la bêtise humaine à l'oeuvre.
Fulci n'épargne personne et en ça c'est le plus réjouissant : les enfants qui y passent se révèlent en fait de parfaits petits salopards (on aurait presque envie de dire que "c'est bien fait"). Une femme soupçonnée se révèle des plus ambigües de par sa propension à être non loin des meurtres (sublime Barbara Bouchet qui n'hésite pas à se dévêtir pour les besoins du film, joli dévouement). Cerise sur le gâteau, les flics sont impuissants et le journaliste héros un brin cynique et vulgaire.
Bienvenue dans l'Italie des années 70 donc.
Pour parachever le tout, une mise en scène soignée (avec de vraies idées de cinéma dedans), une musique magnifique de Riz Ortolani et des comédiens épatants (Tomas Milian bien sûr même s'il ne se mouille pas trop mais surtout Florinda Bolkan et Barbara Bouchet qui m'ont épaté à chaque fois. La première m'avait déjà intrigué dans "Le venin de la peur" mais ici en "sorcière du village" qui frôle l'hystérie elle est incroyable). Excellent giallo et très bon film donc si l'on est pas réticent au genre.