Le Prisoners des années 70. Et probablement le meilleur film de Lucio Fulci d'un point de vue objectif, celui qui sera son film le plus fourni, le plus élaboré et l'un des plus efficaces d'un point de vue narratif. On sait en effet que les films de ce maître du bis (loin d'être une référence du cinéma italien, au contraire d'un Mario Bava) souffrent tous d'un problème de rythme, alternant entre les séquences fortes ou choc (avec une musique souvent iconique à l'appui) et les séquences bavardes qui font retomber le rythme ou qui plombent la cohérence (qui va généralement se faire voir dans l'acte final, à l'image de Frayeurs ou de l'Au delà qui préfèrent s'aventurer sur de nouveaux terrains dans leur ambiance). Si mon affection va toujours vers La maison près du cimetière, il faut reconnaître le grand travail qui a été fait par Fulci et son équipe sur l'élaboration de ce thriller, qui recycle les thèmes chers du cinéma d'exploitation (la décadence des mœurs, la superstition, l’ambiguïté des personnages...) tout en soignant le cadre et l'esthétique de son Italie rurale. Les personnages contenant tous des zones d'ombre, le film n'a aucun mal à nous balader d'une piste à l'autre en alourdissant le bilan macabre de l'affaire et en soignant les portraits de chacun. Le refus du manichéisme est bourrin, mais sincère, et il ne s'accorde aucune simplification (un petit coup de génie à l'époque, le film ne sacrifiant jamais la complexité de son sujet et du travail de la police).
L'assassin pourrait poser problème (car ses ingrédients pourraient le faire basculer dans le cliché), mais là aussi, le film lui accorde quelques séquences pour illustrer les racines de sa folie, et donner une piste de compréhension sur la monstruosité de ses actes, en complet décalage avec le monde idyllique qu'il essaye désespérément de se fabriquer, et que le monde réel vient régulièrement souiller de ses absences d'idéaux. Ces quelques secondes percutantes sont hélas entachées par une scène gore inutile (un comble de la part de Fulci !), que la laideur du mannequin maquillé aurait dû bannir du montage final (il est assez dommage de devoir le subir alors qu'il aurait pu être évité (les plans éloignés font le travail), mais il semble que Lucio voulait à tout prix "punir" son meurtrier). Quelques choix peu judicieux au niveau de la bande originale, mais rien de bien grave au vu du résultat, qui s'apparente à un excellent thriller ayant peu vieilli.


Une redécouverte qui gagnerait à coup sûr en popularité.

Voracinéphile
8
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le 16 déc. 2017

Critique lue 386 fois

4 j'aime

Voracinéphile

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