1952, c'est vieux pour une comédie, surtout que le film a été stocké pendant quatre ans après son tournage. Vieux, dans le sens où il y a beaucoup d'années à faire traverser à notre esprit avant de l'autoriser à en rire. Inévitablement (osé-je dire), le film est très lourd. Bon enfant et naïf comme un film se doit de l'être après la guerre, on a l'impression de sentir le moisi qui a recouvert les bobines pendant quatre ans, plus encore que les soixante ans d'âge. Hanté par un mystérieux fil rouge impliquant des escaliers (« tante scale in questo paise! »), l'œuvre peine même à être amusante ; quelques piques fonctionnent, mais en voulant éclairer l'insignifiance de certains amalgames (le bien et le mal avant tout, mais aussi l'arbitrarité de son jugement, et les imbroglios de la politique avec un village proche de ses élus), elle demeure naïve et s'englue dedans sans parvenir à en tirer quoi que ce soit.
Cet homme à qui le prétendu Saint-André demande de tuer les méchants avec son appareil photographique - trafiqué par quelque diablerie - ne constitue pas seulement l'intrigue, mais aussi et surtout ses grands travers : un manque de confiance total dans la technologie (le faux saint présente l'appareil comme une super grande et terrible invention, ce qui est déjà surrané à l'époque sans même avoir besoin de rentrer dans un quelconque ésotérisme) et une incapacité de mettre en profondeur la naïveté dont il faut faire preuve pour concevoir un seul instant que tuer des gens est un acte de bonté.
Une seule chose mérite d'être citée de ce film en-dehors d'une rénovation apparemment ardue, et c'est l'évolution du personnage principal. Rien qui ne puisse être crédité à la performance théâtrale, totalement absente ; il s'agit plutôt de la façon dont sa foi perd la raison - si tant est que le film a gardé la sienne - jusqu'à devenir malsaine, puis la façon dont la fin rattrape le tout. Mais ça n'en reste pas moins un film beaucoup trop daté, que la cinéphilie seule ne suffit pas à faire apprécier.
Quantième Art