Cela fait bien au moins deux fois que je revois ce film depuis que je l'ai en DVD et je l'avais déjà vu antérieurement, à la télé, peut-être au Ciné-Club du dimanche soir. À moins que ce soit à "la dernière Séance" … Je ne sais plus.
Pour rester dans le domaine des généralités, le film a été tourné en 1943 sous les auspices de la Continental. Il faut bien reconnaître que malgré le contexte et la période troublée, un certain nombre de films de la Continental sont encore aujourd'hui de petites merveilles que j'apprécie comme "le corbeau" ou encore "l'assassin habite au 21". Mais il y a aussi de belles daubes faites notamment par Maurice Tourneur comme "Picpus" ou "Cécile est morte" … Disons qu'il ne faut pas dénigrer systématiquement ce qui a été fait à cette époque…
Malheureusement, pour revenir à "la main du diable", si je veux bien lui reconnaître d'indéniables qualités en termes de mise en scène ou de jeu de acteurs, j'ai du mal à adhérer à l'histoire.
Le scénario est bâti par Jean-Paul Le Chanois (une pointure, quand même) sur la base d'une nouvelle de Nerval (que je ne connais pas). Grosso modo, c'est le mythe de Faust revisité. En plus compliqué mais je ne vais pas entrer dans le détail de l'histoire.
Le début du film est excellent. D'abord cette ambiance de vacances dans ce chalet en montagne où les clients de l'auberge rouspètent parce que le cuisinier (Balpetré) est en retard. Pour faire prendre patience, un notaire raconte des histoires mi-édifiantes, mi-extraordinaires. Soudain, avec un à-propos excellent, frappe à la porte du chalet un homme affolé (Pierre Fresnay) faisant basculer le film dans une autre dimension, plus fantastique.
Ensuite, le film s'étire dans une intrigue complexe où le personnage de Pierre Fresnay lutte pour tenter de se libérer de l'emprise du diable et éviter la damnation éternelle. La fin est à la fois morale et décevante. Et quand apparait le mot "fin", on se dit "tout ça pour ça !"
C'est du côté du casting, qu'on trouve de l'intérêt.
Pierre Fresnay est (comme souvent) excellent. Au début, artiste peintre raté à la dégaine "artiste façon 1943" avant de devenir artiste talentueux et riche, Pierre Fresnay joue sur plusieurs registres et reste convaincant.
Par contre, du côté du diable, c'est un peu trop lisse pour mon goût et ça manque cruellement de conviction.
Parmi les seconds rôles, il y a d'abord une étonnante Gabrielle Fontan dans le rôle d'une chiromancienne … Dommage que son rôle soit si court.
Par contre, il faut bien avouer que Noel Roquevert dans le rôle d'un cuisinier italien est un peu limite. Surtout, le personnage de Pierre Larquey (acteur que j'aime beaucoup) est très mal amené. Prénommé Ange (suivez mon regard), sa prestation passe un peu inaperçue.
Film que je trouve pour le moins inégal. J'avais même pensé un moment qu'il pouvait y avoir un clin d'œil à la situation politique du moment en montrant "les risques de commercer avec le diable". Mais je ne vois rien de bien évident dans le film qui pourrait confirmer cette hypothèse.