Leçon du jour : comment massacrer un film afin d'amasser les $

La maison de l’exorcisme ce sont deux films en un, une histoire compliquée.

En 1972, Mario Bava réalise « Lisa et le diable » dans lequel Elke Sommer (qu’il a déjà fait tourner dans Baron Vampire) échoue, après une panne de voiture, dans une grande demeure où vivent une Comtesse et son fils, Maximilien, tous deux plutôt étranges. Film d’horreur à l’ambiance baroque et colorée.
Le film est un échec commercial et le producteur, Alfredo Leone, contrarié d’y avoir perdu de l’argent et s’inspirant du succès de l’Exorciste décide, en 1975 (et non 1977 comme indiqué sur la fiche SC) de remanier, transformer le film, en coupant dans l’histoire originale et en y greffant une nouvelle intrigue de possession diabolique, une trentaine de minutes que Mario Bava ne voudra pas cautionner. Son nom ne figure donc même pas au générique (remplacer par « dirigé par Mickey Lion » pseudo qui ne désigne personne d’autre qu’Alfredo Leone himself, autoproclamé massacreur… euh co-réalisateur du film).

On se retrouve donc face à une œuvre presque incompréhensible tant les deux intrigues se retrouvent montées l’une dans l’autre n’importe comment, aux raccords incohérents et surtout, si l’on ne connait pas l’histoire derrière le film, on doit passer son temps à se demander ce que peut bien venir faire ici cet exorcisme. On suit alors la trame de « Lisa et le diable » et régulièrement sont insérées les nouvelles scènes tournées à la demande de Leone qui, en plus de paraître incongrues quant à l’histoire qui y est contée, détonnent tant au niveau de l’ambiance et de l’atmosphère (qui perdent tout de leur charme baroque) qu’à celui de la mise en scène.

En résulte un mauvais film qui demeure presque innotable. Effectivement, cela m’a donné envie de voir Lisa et le diable et m’a fait penser que, plutôt que de travestir un film déjà existant, il eut mieux valut faire de cet exorcisme un long-métrage à part entière, car sans que cette affaire de possession n’apporte rien de neuf au genre (quand je dis que Leone s’est inspiré du film de Friedkin, c’est un doux euphémisme) il est à noter la prestation d’Elke Sommer en possédée plus que convaincante (et dégoûtante) qui relève un peu le niveau de cette partie de l’oeuvre.

Reste la curiosité de retrouver Alida Valli en comtesse (« Les yeux sans visage », « Suspiria »…) et Telly Savalas en majordome machiavélique fomentant sucette au bec ses noirs desseins.

Curiosité de découvrir ce qui, en plus de démontrer comment, pour faire du profit, l’on peut brider sans vergogne la liberté d’un réalisateur renommé, reste indubitablement un OFNI du septième art.
Pravda
4
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Et sinon, j'aime bien Mario Bava

Créée

le 7 oct. 2013

Critique lue 998 fois

15 j'aime

1 commentaire

Pravda

Écrit par

Critique lue 998 fois

15
1

D'autres avis sur La Maison de l'exorcisme

La Maison de l'exorcisme
AMCHI
7

Critique de La Maison de l'exorcisme par AMCHI

Etrange film que La Maison de l'exorcisme qui est en fait une nouvelle version de Lisa et le diable, un film de Mario Bava qui ne fut pas distribué au cinéma. Avec le succès de L'exorciste de...

le 16 juin 2013

4 j'aime

3

La Maison de l'exorcisme
Fatpooper
6

Le grand exorcisme

J'ai chopé ce film, ainsi que "Lisa e il diavolo" (que je regarderai prochainement) grâce au Bistro des Horreurs. Ceci dit, j'avais oublié la genèse de ce film, ce qui n'est peut-être pas plus mal,...

le 20 sept. 2016

2 j'aime

Du même critique

Le Jour et la Nuit
Pravda
2

Et pourtant j'en ai vu des merdes.

Ce film, c'est l'histoire de gens qui passent leur temps à : boire, forniquer et faire des tours de montgolfière. La base, quoi. Je me disais que BHL n'étant pas le zigue le plus populaire du PMU du...

le 7 août 2014

146 j'aime

41

Crime et Châtiment
Pravda
10

"jeu de mot pourri ne faisant rire que son auteur et constituant un titre de critique"

Je pense que de ses trois œuvres les plus réputées (« Les frères Karamazov », « L’Idiot » et « Crime et Châtiment »), cette dernière est surement la plus accessible. Là où les digressions...

le 26 mars 2013

129 j'aime

21

Hatchi
Pravda
7

... Et puis merde.

Mettons les choses au clair dès le départ : Ce film est surement l’un des plus tire-larmes, dégoulinant de ritournelles au piano pour vous faire pleurer toutes les larmes de votre corps et enrichir...

le 5 sept. 2013

117 j'aime

19