Affreux, sales et méchants.
Faut le dire avant de commencer sinon je vais ruminer, tourner autour du pot et ça va m'énerver : j'adore le Captain Spaulding.
En dehors du fait que ça me fait passer pour un dégénéré, c'est pas la première fois tu me diras, aux yeux de ceux qui connaissent l'énergumène peinturluré, ça me fait un début et c'est déjà quelque chose.
C'est la fin des années 70, Spaulding tient un boui-boui crade d'une force, fait pompe à essence, te sert du poulet frit à proximité du patelin de Ruggsville, Texas.
Spaulding, c'est aussi le Walt Disney des rednecks avec son musée/parc à thème sur les monstres et les fous (Captain Spaulding's Museum of Monsters and Madmen, c'est dingue comme ça en jette tout de suite plus dans la langue des américains).
Et, surprise dans le bédo, le mec il fait aussi clown. Mais clown avec John Wayne tatoué sur le bras hein.
Petit, j'allais au cirque avec mes parents et je sais que tu t'en tapes mais je le dis quand même : j'emmerde les clowns. J'ai toujours préféré les acrobates, les funambules, les trapézistes avec, je l'avoue, l'espoir morbide de les voir se ratatiner sur la piste dans un floc, mélangeant sang et os, soulevant un nuage de sciure et de crottin de cheval séché... Enfin tu vois le genre de truc pas net.
Je déteste les clowns et pourtant, lui, je l'aime bien...
J'aurais vu ce film gamin, j'aurais adoré les clowns. Au moins un, c'est une certitude.
Et Spaulding, mon pote, c'est le chef de famille. Les Firefly (luciole). Une famille d'affreux qui sont sales et méchants (tiens ça c'est pour toi mon pote à moustaches).
Il y a la mère, milf accueillante et nymphomane (jouée par Karen Black), le grand-père qui bouffe tout le temps, Tiny, le grand frère, grand brûlé et benêt, préposé aux travaux manuels, Rufus, la masse de muscles, Baby (Sheri Moon) et sa raie (quand c'est pas sa lune), la nympho nécrophile et Otis (incarné par Bill Moseley), le Johnny Winter blanc (quoi ??? Johnny Winter est blanc ? Mais non, tu déconnes) philosophe de l'improbable, théoricien de la torture et couturier en peau humaine.
Tourné au sein des Studios Universal entre l'attraction «Jaws» et le manoir de Norman Bates. Mis au placard trois ans par le studio qui avait tout à coup les miquettes à la vision de la chose. Impossible de ne pas pas penser à «Massacre à la tronçonneuse» (surtout le 2), à Charles Manson, Zombie parsème son film d'images d'autres films («The Wolfman», «The House of Frankenstein» ou «Les Monstres» -la série télé- qui passent sur des télés, une affiche de «L'étrange créature du lac noir» sur tout un pan de mur), un musée des horreurs, du split-screen qui sent bon les 70, quelques plans au caméscope tourné dans sa cave, du négatif solarisé pour des séquences de rêve qui ont tout du cauchemar, le Docteur Satan, Walton Goggins, une sirène mais mi-mec mi-poisson, des goules, de la chasse au lapin et puis le type qui joue Ryan dans «Il faut sauver le soldat Ryan» de Spielberg. Pas Matt Damon, le vieux, tu sais.
À jacter comme une bécasse j'oubliais de citer le principal. Mon héros. Le merveilleux, le coquet, le pince-sans-rire : Sid Haig est le Captain Spaulding. Et pour ça, il mérite un Oscar.
Djieke.
(qui a soudain envie d'être adopté par des Texans).
Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.