C'est compliqué d'avouer à son entourage que l'on est fasciné par la violence crue, le meurtre et les plus vils sévices. Avouer que l'on s’envoie des films d'horreurs comme d'autres du porno, ce n'est pas non plus très facile. On se coltine alors ce genre de regard en biais, celui qui vous juge, vous renvoie à votre propre anormalité, vos démons cabalistiques. Quand bien même ? J'emmerde la bienséance, la viole sans respect avec acharnement, qu'Internet m'en soit témoin.
Oui, j'aime voir le sang couler, les hommes et les femmes ramper pour leur survie devant l'horreur et la mort. Et pourtant on a beau aimer cela comme une belle femme ou un beau verbe, le cinéma de genre est bien souvent un bourbier infâme où se bousculent des formes turgescentes, criantes, suintantes. Parmi elles s'agitent les pires fèces comme les oeuvres les plus reluisantes. Difficile parfois d'en faire la distinction.
L'horreur est un style qui se doit d'être viscéral. On doit le sentir dans le bas ventre vous secouer, vous changer. L'horreur n'a pas lieu de surprendre son spectateur à la volée, jouer avec lui comme un enfant stupide et n'a pas à vous sauter à la gorge sans prévenir. Non, la peur, l'horreur, tout se doit d'être travaillé avec la plus grande minutie. Le bon film d'horreur n'est pas celui qui effraie, c'est celui qui continue de terroriser une fois terminé. La maison des 1000 morts de Rob Zombie est de ceux-là.
L'histoire n'a en apparence rien de bien originale ; une bande de jeunes fous-dingues férus de curiosités morbides tombent sur un relais routier tenu par le sublissime Capitaine Spaulding en pensant avoir trouvé une véritable mine d'or en matière de bizarrerie. De ce dernier, les jeunes gens apprennent la légende du serial killer local, le Docteur Satan, ce qui ne manquent de les émoustiller dans l'aine. Spaulding, en bon prince à face de clown sadique qu'il est, leur dessine un plan pouvant les mener plus en avant vers de nouvelles aventures macabres. Ni une ni deux nos amis virent de bord et s'engouffrent dans des tréfonds qui ne finiront pas de se refermer sur eux, à jamais...
Bien au delà d'un simple récit de slasher que tout un chacun peut deviner, La maison des mille morts apporte dans son fatras une personnalité folle, oscillant entre une tension aussi bien pulsionnelle que perpétuelle, des visions hallucinatoires ainsi qu'une ambiance très "Freak Show". Se confrontant malgré eux à cette famille d'assassins, notre groupe se retrouve traqué, mutilé, piégé, aliéné, pour le plaisir coupable de nos yeux ébahis.
Ce qu'il y a de véritablement intéressant dans ce film c'est le regard qu'il suscite. Quand toutes les autres oeuvres du même genre s'acharnent à dépeindre l'instinct de survie, Rob Zombie joue avec nous pour faire basculer notre empathie. On ne se retrouve pas réellement à souhaiter voir ce groupe survivre, ni le voir mourir, c'est cette famille improbable et leurs psychés défaillantes qui nous fascine. On se surprend alors à apprécier leurs toute-puissances, leurs colères, leurs folies. Les victimes ne deviennent rien de plus que des jouets avec lesquels on s'amuse volontiers. Les vrais héros sont ces êtres mesquins, ces tarés absolus qui tuent et torturent sans vergogne.
C'est là le vrai point fort du film car on passe son temps à se remettre en question, en tant que personne mais également en tant que spectateur avide du sang des protagonistes que l'on dépeint aussi bien sur les murs que l'écran.